Photo en Une délivrée par l’athlète.
Triple Championne de France espoir en 2019 en cross, au 1500 mètres et au 10 km, la jeune athlète Leila Hadji n’en finit plus d’impressionner. En atteste son titre de championne de France qu’elle a récemment décroché en juin dernier en remportant la finale du 5 000 mètres à Angers. Tout du long de cet entretien, Leila Hadji revient sur son titre. Et sur ce qui jalonne son quotidien d’athlète de haut niveau. Avec le regard tourné vers son rêve : se qualifier pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024. Leila Hadji, valeur montante de l’athlétisme féminin, n’est qu’au début d’une longue et belle carrière. Rencontre.
Tout d’abord, à quel âge avez-vous commencé l’athlétisme ?
J’ai commencé par les UNSS dès le CP. Il s’agit de petits cross. Ça se passait super bien, j’étais très forte. Je terminais toujours première.
À la suite de mes résultats, la directrice m’avait convoquée pour me dire qu’il fallait que je m’inscrive à l’athlétisme.
J’étais en CM2 quand j’ai commencé l’athlétisme.
Pourquoi vous êtes-vous dirigée vers ce sport ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette discipline ?
Je me rappelle que l’athlétisme était le premier sport où je gagnais quelque chose (rires). Et je me rappelle aussi que ce qui m’avait également attiré est cette fois où j’avais battu les garçons (rires).
Le fait d’avoir battu un garçon, de se dire qu’en fait nous sommes tous pareils, que l’on est tous égaux, ça a tout de suite accroché. J’ai eu un coup de cœur pour l’athlétisme.
En juin dernier, vous devenez Championne de France en remportant la finale du 5 000 mètres à Angers. Pour ce titre, vous signez un chrono de 15 minutes 48 seconde 74 centièmes. Tout d’abord, quel souvenir gardez-vous de ce titre ?
C’était surprenant parce qu’en fait, on ne part pas très vite dans cette course. Avec ce rythme, je me suis dit qu’il allait falloir laisser tomber pour le chrono. Et puis finalement, on arrive à terminer avec un joli chrono !
Je bats quand même mon record sur cette course-là ! Je finis super bien cette course. C’était une vraie surprise ce résultat final.
Ce que je retiens de cette course, c’est vraiment le chrono. Et mon dernier 400 mètres. C’était un vrai dernier 400 mètres puisque j’ai terminé hyper fort.
C’était plutôt surprenant et je me dis de ce fait que j’ai d’autres capacités, que j’ai des caps à passer. Et tout ça me pousse à me dire qu’il faut que je revoie certaines choses, dont les techniques de courses.
Qu’est-ce qui a fait votre force par rapport à vos adversaires ?
Je pense que ce qui a fait ma force par rapport à mes adversaires est ma patience. Le fait que je ne m’énerve pas. Parce que j’ai eu d’autres courses où je me suis énervée, où ça n’allait pas vite justement et où je me suis dit que je ne ferai jamais un chrono.
Là, pour cette course, il n’y avait pas d’objectif de championnat d’Europe parce qu’il n’y avait que les Jeux Olympiques et je savais que ce n’était pas trop atteignable cette année. Donc je me suis dit qu’il fallait que je remporte le titre car c’est un Championnat.
Et je sais que sur les courses de championnats je suis assez forte. Alors que sur les courses où il faut aller chercher un chrono, je le suis un peu moins.
Pour remporter ce titre, j’ai su faire preuve de patience, j’ai su ne pas m’énerver.
J’ai utilisé mes qualités de fin de course comme le sprint final. Je sais que c’est une qualité que les autres ont un peu moins que moi. J’ai été intelligente durant toute la course.
Quelles sont les principales difficultés que l’on peut rencontrer au cours d’un 5 000 mètres ?
Au cours d’un 500 mètres, on peut rencontrer beaucoup de difficultés (rires) ! Par exemple, lors d’une course, si l’on part trop vite, on peut finir très mal, ce qui aura pour conséquence un chrono catastrophique.
Après, même si l’on part régulier, on peut craquer. On peut aussi réussir à ne pas craquer et à se dépasser.
Ou sinon justement, on peut ne pas partir vite et finalement être surprise et finir hyper fort. Ce que j’ai vécu et ce qui m’a surprise lors de ce Championnat de France où j’ai remporté mon titre.
Vous êtes une jeune coureuse de fond mais au palmarès déjà bien fourni. En atteste également cette année 2019 où vous allez devenir triple Championne de France espoir en cross, au 1500 mètres et au 10 km. Quel souvenir gardez-vous de cette année ?
Moi, ça me fait super plaisir (rires) ! Après, oui c’est bien d’être championne de France mais moi, ce que je veux, c’est au-dessus.
Le sportif est toujours comme ça, il veut toujours aller chercher plus haut. Le titre de championne de France, il est accessible. Maintenant, ce que je veux, c’est aller chercher les titres européens et mondiaux. C’est ce que je veux à présent.
Depuis le début de votre carrière vous vous êtes distinguées sur plusieurs types de distances : le cross, le 5 000 mètres, le 10 km, le 1 500 mètres. Sur quelle distance jugez-vous être la plus à l’aise ?
La distance que je préférais, c’était le 1500 mètres. C’est une distance que j’adore courir aujourd’hui encore. Mais il y a eu des petits pépins qui ont fait que j’ai dû arrêter le 1500 mètres et me mettre sur le 5000 mètres. Et mon entraîneur voit que je suis plus fort sur 5000 mètres. Il me dit que j’ai un avenir sur cette distance.
Pour le cross, c’est surtout quelque chose de préparatoire pour la piste. Et puis à un moment, je n’aimais plus vraiment ça. Et cette coupure avec le Covid m’a fait du bien.
J’ai pu prendre goût à la piste, à faire du 5000 mètres. J’ai vraiment pris plaisir à courir sur cette distance et aujourd’hui c’est une discipline que j’adore pratiquer.
Dans une carrière de sportif de haut niveau, le mental joue aussi beaucoup. Comment arrivez-vous à gérer votre stress avant le début d’une course ?
Oui, on dit souvent que le mental c’est 80% de tout. On a beau travailler, être le plus fort à l’entraînement, si le mental ne suit pas, c’est sûr qu’en compétition on n’y arrivera pas.
J’ai beaucoup travaillé au niveau du mental avec une préparatrice mentale du pôle athlétisme de Fontainebleau. Je n’ai jamais eu trop de soucis avec le stress. Parce que je sais que je me suis entraînée, je sais ce que je veux.
Sinon, j’essaye de m’occuper l’esprit le plus possible. Après, oui, évidemment que l’on aura du stress avant la compétition. Mais quand je pars, je me dis que l’on a tous deux jambes, deux bras. Je me dis que je me suis entraînée comme il faut et que j’aurai le résultat qu’il faudra parce que je me suis entraînée pour. Il n’y a pas de raison (rires) !
Quels sont vos principales qualités en tant que coureuse de fond ?
Le mental (rires) ! Franchement, je remercie mon mental parce qu’il est fort (rires) ! Je compte beaucoup sur lui.
Une autre qualité, ma détermination. Et on le voit sur les Championnats. Et puis il y a aussi ma patience.
Et enfin une autre qualité, il y a ma qualité de coureuse de 1500 mètres qui ressort souvent et mon petit sprint final (rires).
Vous êtes une vraie passionnée du running. Quel message aimeriez-vous passer pour inciter les personnes à se mettre à la course à pied ?
Déjà, en dehors de la performance du haut niveau, le running fait du bien à l’esprit. Courir fait également du bien au mental. On se retrouve avec soi-même, on peut retrouver des copains, c’est un sport où l’on partage des choses. Et puis on a des sensations dans le corps qu’on n’a pas quand on ne court pas.
Moi, j’incite vraiment les personnes, que ce soit pour le stress, que ce soit pour être bien organisé dans leur vie, pour être bien dans leur vie, à pratiquer un sport.
Et je les incite à faire de la course à pied, parce qu’à la fin on est fier de nous. Même si l’on a fait que dix ou quinze minutes de footing, on est fier de ce que l’on a accompli. On est fier de soi.
Vous avez également à cœur de réaliser un projet très touchant : « Une célébrité, un athlète ». De quoi s’agit-il ?
C’est un projet que j’ai un peu mis en stand-by parce que je suis encore à l’école. Mais je le reprendrai fin 2022 après avoir terminé mon école.
En fait, je trouvais que les athlètes n’étaient pas assez mis en avant pour le travail qu’ils faisaient. On s’entraîne deux fois par jour, on met tout notre cœur, tout notre âme à l’entraînement. Et moi je trouve qu’on ne gagne pas assez par rapport à ce que l’on peut donner.
On a beaucoup de difficultés financières, on n’est pas assez mis en avant. Donc moi je voulais les mettre sur le devant la scène.
Je me suis dit qu’il faut mettre ces athlètes directement en relation avec une célébrité. Et cette célébrité pourra les parrainer pour les mettre en avant, pour les aider, pour les faire venir sur les plateaux TV.
Il faut tout faire pour les mettre en avant, pour faire venir les sponsors.
Former et aider la génération Paris 2024 est aujourd’hui quelque chose qui vous anime dans votre quotidien. On sent chez vous cette farouche envie de faire briller la France en 2024 à Paris…
Oui, complétement, c’est le but de faire la meilleure place possible aux Jeux Olympiques (rires) ! En plus on sera à Paris, on sera chez nous.
C’est pour ça, mon but est vraiment de faire le meilleur résultat et de ne pas se faire humilier à la maison.
On veut que les Jeux Olympiques à Paris se passent bien. On veut y être. On veut y participer. Il y aura tout le monde pour nous encourager.
Et je pense que si tous les Français sont derrière nous, il n’y a pas de raison qu’on ne brille pas en 2024. Il faut vraiment que l’on soit tous ensemble.
Votre prochain grand objectif sont donc les JO 2024 à Paris ? Comment se prépare-t-on à un tel évènement qui se déroule dans plusieurs années ? Comment arrive-t-on à se projeter dans le temps ?
Pour cela, on a des petits objectifs dans le temps qui sont éparpillés, des petits caps à passer. Pour le moment, je n’y suis pas aux Jeux Olympiques. Mais je vais tout faire pour y arriver.
Et c’est en me donnant des petits objectifs à atteindre que je vais y arriver. En tout cas je l’espère.
C’est un rêve pour moi, il faut que j’en fasse une réalité. Et pour y arriver, j’ai des petits objectifs à réaliser et je vais tout faire pour les atteindre.
Propos recueillis par Alexandre HOMAR.