Rencontre avec Candice Rolland : « Je pense qu’on a tous un peu aimé le foot à partir d’une Coupe du Monde. »

Photo en Une délivrée par Candice Rolland.

Candice Rolland est un des visages phares de la chaîne l’Equipe où elle forme avec Yoann Riou un duo d’exception pour tous les amoureux du ballon rond. Depuis le début de la Coupe du Monde, on la retrouve aux manettes de nombreux commentaires de matchs. Candice Rolland est en somme de ces personnes qui ont su faire de leur rêve leur vie. Tout au long de cet entretien, Candice Rolland nous emmène dans son univers : de la naissance de cette passion pour le commentaire de match à sa façon de préparer ses interventions en passant par le binôme qu’elle forme avec Yoann Riou, le football féminin ou encore les Jeux Olympiques. Rencontre.

Tout d’abord, que représente pour vous le métier de journaliste sportif ?

Pour moi, le journalisme sportif était un rêve qui est vite devenu un objectif.  Assez jeune j’avais dans l’idée de devenir journaliste de sports. Et surtout du foot, parce que c’est mon sport. Et plus particulièrement devenir commentatrice. Cet objectif a été un peu un fil rouge durant ma scolarité, puis ensuite dans mes études. Pour arriver finalement à concrétiser cet objectif pour en faire aujourd’hui mon métier, celui que j’ai toujours imaginé faire. Souvent je me dis que c’est une chance d’y être parvenue.

Comment est née pour vous cette passion pour le commentaire de match ? Comment êtes-vous arrivée aux commentaires de matchs ?

Les filles de ma génération et même les filles d’aujourd’hui, pour nous, si on veut faire du foot, il faut le pratiquer avec les garçons. Moi, durant ma jeunesse, dans mon petit village, c’était ça en tout cas. Il fallait que je pratique le foot avec les garçons. Mes parents ont alors dit non pour que je pratique le foot, ils me disaient que j’étais un petit gabarit, une petite crevette, ils avaient un peu peur. Donc ce que je me suis dit, si je ne peux pas faire de foot, dans ce cas, je vais en parler. Je regardais les matchs commentés par Jean-Michel Larqué, Thierry Rolland, c’était génial. J’ai trouvé ça génial !  

Mais je ne sais pas pourquoi c’est le métier de commentateur qui m’a toujours intéressée, plus encore que le bord terrain ou les interviews.

Je trouvais que commenter les matchs était le meilleur moyen de vivre le foot au plus près. De le voir, le partager, le vivre, le dire. C’est fantastique.

Petite, vous couriez toujours derrière un ballon. Est-ce un regret pour vous d’être de la dernière génération de filles qui ne pouvaient pas jouer au foot au sein d’une équipe féminine ? Comment avez-vous vu évoluer les mentalités depuis sur le football féminin ?

Un regret, oui. C’est vrai que j’aurais aimé en faire plus. Alors je ne dis pas que j’aurai été professionnelle, mais c’est vrai que j’aurais aimé pouvoir être dans une équipe, vivre un peu les jours de match et tout ce qu’il y autour.

Après, en ce qui concerne l’évolution, elle est lente. Elle est là, c’est bien, mais c’est lent. Il y a eu de formidables événements qui ont provoqué des passions chez les filles comme France 98 qui gagne la Coupe du Monde. C’est un moment fort. Les succès de l’Équipe de France participent à la création de nouvelles passions. Maintenant, il faut faire un peu comme à Lyon, à Montpellier, qui sont investis dans le football féminin. Il faut qu’on ait des gens qui ont vraiment envie de développer le foot féminin. A mon sens, on a complètement raté l’après Coupe du monde féminine en France. On ne l’a pas du tout bien exploité.

Donc aujourd’hui, oui l’évolution est visible, il y a beaucoup plus de filles qui jouent au foot, mais le combat continue !

Comment définiriez-vous votre style à l’antenne lors des commentaires de matchs ? Qu’est-ce qui fait votre force aujourd’hui ?

C’est une bonne question. Je ne sais pas si c’est à moi de répondre (Rires).

Je pense que je suis sobre. Je sais que de par mon tempérament, je ne vais pas faire du Yoann Riou.

Après, j’aime vibrer aussi. J’aime bien aussi apporter une petite touche d’humour dans les jeux de mots des choses comme ça. Mais dans mes commentaires, je suis quand même plutôt soft.

Comment définiriez-vous cet exercice qu’est le commentaire de match ? Quelles sont les exigences que demandent cet exercice ?

A mon sens, il faut insister sur la préparation. Il faut se laisser aller à l’imprévu. C’est-à-dire qu’on a beau tout prévoir, c’est impossible que tout se passe comme nous on l’a imaginé. A un moment, c’est le jeu, c’est le terrain qui dicte nos commentaires. Il faut savoir se laisser porter.

Lorsque que l’on va commenter un match, il faut avoir des repères. Et ce sont ces repères-là qu’on donne aux téléspectateurs pour qu’ils aient les clés du match, pour comprendre les enjeux du match.

On va aussi expliquer s’il y a certains joueurs en forme ou à l’inverse des méformes. Il faut qu’on puisse donner au téléspectateur toutes les clés du match. Ça, c’est le travail qu’on peut faire en amont.

Après, le match commence, et c’est le terrain qui parle. Et c’est ça qui est top, cette part d’imprévue, cette part de mise en danger. Et dans un match, ce sont ces moments qu’on n’a pas le droit de rater. Ni dans la compréhension d’une action, ni dans la compréhension d’un geste. Et puis surtout, il faut savoir accompagner l’émotion. De ce fait, quand on est commentateur, il y a beaucoup de concentration à avoir. Ce n’est pas juste regarder un match et commenter comme on peut le faire dans son salon. C’est une grosse responsabilité.

Après, dans la préparation d’un commentaire de match, il y a les histoires de joueurs et d’hommes aussi. Comprendre pourquoi un joueur est moins en réussite, pourquoi il ne va pas bien. Ou au contraire pourquoi le joueur est dans sa meilleure forme, il y a plein de choses comme ça qu’on essaye de trouver. Il y a plein de choses à aller chercher, donc c’est beaucoup de journaux à lire également. Quand ce sont des équipes étrangères, allez voir ce qui se dit au pays. C’est assez varié la préparation d’un match.

Aujourd’hui, vous commentez les matchs de la Coupe du Monde sur la Chaîne l’Equipe. En quoi commenter un match de Coupe de Monde est différent des autres matchs ?

On a beau nous dire qu’il faut laisser le foot au foot, qu’il ne faut pas faire entrer la politique etc. Mais bien sûr que tout est politique. Bien sûr que le foot va au-delà du sport. Allez dans n’importe quelle nation africaine, allez dans n’importe quelle nation sud-américaine. Comment le foot ne peut pas être presque vital là-bas ?

Je trouve qu’il y a un enjeu dans ces matchs-là de Coupe du Monde, un poids, qui est énorme.

Donc forcément, quand on commente un match de Coupe du Monde, nous c’est là où l’on s’amuse, c’est la fête en plateau, on rigole en cabine, on danse et tout mais il y a des images des supporters dans le stade, mais ils sont au bout de leur vie ! Je trouve qu’en Coupe du Monde, il y a une énorme responsabilité pour les nations qui y participent.

Nous, quand on commente les matchs en cabine, on s’adresse au public français. Quand on fait un Brésil-Suisse, c’est pour le plaisir. Mais si on était écouté par les brésiliens ou par les Suisses, ce n’est pas du tout le même enjeu.

Les matchs de Coupe du Monde, ce sont des matchs qui ravivent aussi des souvenirs. Je pense qu’on a tous un peu aimé le foot à partir d’une coupe du monde. Ce sont des repères dans la vie. C’est super à commenter parce que ça va au-delà du foot. C’est génial !

Comment définiriez-vous votre duo avec Yoann Riou sur la Chaîne l’Equipe ?

La glace et le feu (Rires). C’est un peu caricatural (Rires). J’aime bien le surprendre. Il croit que je suis imperturbable mais j’aime bien le surprendre (Rires). On se surprend l’un l’autre, on s’amuse, on se taquine. Très honnêtement, je ne l’aurais pas imaginé ce duo. L’idée c’est la bonne ambiance.

Comment travaillez-vous ensemble cette complémentarité ?

Très franchement, on ne l’a pas vraiment travaillé, c’est venu un peu naturellement. Chacun avait je dirais sa personnalité, on n’était pas là pour faire du théâtre. Alors certes, tout est plus exagéré on va dire, dans le sens où l’on est filmé. C’est-à-dire que lorsque l’on fait de la radio, quand on commente un match, même à la télé, pendant le commentaire on est assis, on n’est pas filmé, donc on peut faire des grimaces, on peut regarder nos fiches comme on veut.

Tandis que le commentaire filmé, on ne peut pas exclure le téléspectateur. Donc il faut aussi trouver le bon réglage entre nous pour ne pas être gêné. Et puis inclure les spectateurs, c’est le faire entrer dans la cabine avec nous. Il faut qu’on s’amuse. Et puis avec Yoann qui est à côté, c’est impossible de ne pas rester de marbre.

Donc on n’a pas du tout travaillé notre duo. Après je pense que je ne ferai jamais du Yoann. Mais je me permets parfois plus de choses en cabine aujourd’hui, on danse beaucoup pendant la Coupe du Monde, je ne sais pas si vous avez remarqué (Rires). On se lâche un peu (Rires).  

Quel est votre prochain rêve ? Commenter les JO ?

Oui, c’est clair ! J’ai toujours beaucoup de mal avec cette question… Oui évidemment tu commentes L’Equipe de France en finale de Coupe du Monde, ça serait grandiose… Mais il y aurait tellement de pressions que je ne sais pas si j’aimerai vraiment le moment (Rires).

Je sais que je ne commenterai jamais de finale de Ligue des Champions, mais les Jeux Olympiques, ça oui c’est un rêve ! Je suis une vraie amoureuse des Jeux. Aux Jeux, je ne pense même pas au foot en premier, parce que ce n’est pas la discipline reine non plus.

Je trouve que les Jeux Olympique, c’est plus fort que la Coupe du Monde. Parce que la Coupe du Monde, ce sont des joueurs. Certes, c’est tous les quatre ans mais ce sont des joueurs qui en font leur métier, qui en font leur vie.

Pour les Jeux, ce sont des personnes qui aiment tellement leur sport qu’ils le pratiquent en plus de leur métier à côté bien souvent. Ils ne gagnent pas des mille et des cent mais ils continuent. Parfois, ils sont huitièmes des JO et ils sont super ravis parce qu’ils sont finalistes. J’adore l’esprit des Jeux.

Si Mbappé veut faire les Jeux Olympiques, c’est que la symbolique de cette compétition est plus grande que tout. Si Neymar a voulu les faire, si Messi a voulu les faire, c’est qu’il y a quelque chose de particulier avec cet événement. Même eux, qui peuvent gagner des Coupes du Monde et plein d’autres trophées prestigieux, dire j’ai participé aux Jeux Olympiques est vraiment spéciale, particulier. Il y a une magie autour de cet événement.

Enfin, quelles sont vos prochaines échéances sur la Chaine l’Equipe ?

Après la Coupe du monde, rien de nouveau. Pas mal de foot encore parce qu’on a récupéré pas mal de coupes étrangères en Espagne avec notamment la Super Coupe d’Espagne, on a l’Allemagne, et plein d’autres compétitions.

Je fais quelques déplacements en envoyé spécial, ça c’est cool parce que ça me rapproche un peu du terrain et des acteurs. J’ai suivi l’OM en Ligue des Champions, franchement c’est génial. Ça change un peu, c’est sympa et ça complète un peu le rôle de commentateur. Être en envoyé spécial, ça m’a apporté beaucoup dans le commentaire de match.

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