Au terme d’une étape qui entrera à coup sûr dans la légende du Tour d’Italie, Christopher Froome a réalisé une performance époustouflante aujourd’hui. En attaquant à quatre-vingts kilomètres de l’arrivée, le britannique a littéralement écrasé la concurrence, en nous offrant par la même occasion un numéro totalement spectaculaire. Le voilà à présent avec le maillot rose sur le dos. A deux jours du terme de ce GIRO 2018. Hier, il était pourtant à plus de trois minutes de Simon Yates. Aujourd’hui, il possède trente-cinq minutes d’avance sur ce dernier ! Incroyable.
Trois minutes et vingt-deux secondes. C’était l’écart au départ de cette dix-huitième étape entre Simon Yates, premier au général, et Christopher Froome quatrième. On était alors loin de s’imaginer qu’on allait assister à une étape qui allait entrer dans les annales de ce sport. En difficulté depuis le début de ce Tour d’Italie, on n’en avait presque oublié que Christopher Froome était capable, d’un coup de pédale, d’écraser ses adversaires et ainsi de marquer de son empreinte la compétition comme on en avait l’habitude de le voir sur le Tour de France. Cette dix-huitième étape allait donc nous rappeler à nos bons souvenirs.
Christopher Froome, alors qu’on est à quatre-vingts kilomètres de l’arrivée, déclenche une attaque dans les pentes du Finestre. Le show Froome peut alors commencer.
En partant seul, tout seul, avec l’objectif de combler son retard à l’arrivée de cette étape sur Simon Yates, le pari pouvait sembler audacieux. Voire irrationnel ou complétement fou. Les directeurs sportifs pouvaient alors commencer à s’activer dans les voitures. Et ses adversaires d’essayer de limiter la casse au maximum, conscients que certains pourraient perdre beaucoup sur cette attaque.
Parce que le problème était bien là : ni Tom Dumoulin, ni Simon Yates et ni Domenico Pozzovivo, bien calés sur leur selle, ne pouvaient répondre à l’attaque du britannique. A commencer par Simon Yates, le maillot rose.
Simon Yates en perdition total
Simon Yates, en grande difficulté après l’offensive de Christopher Froome, commençait à perdre petit à petit du temps sur le britannique. Puis très vite, les écarts commençaient à devenir très inquiétants. Quand Simon Yates en finit avec son ascension du col du Finestre, théâtre d’un super spectacle, il accuse déjà seize minutes de retard sur le britannique ! A ce moment-là, on commence à se demander quels seront les écarts à l’arrivée…
Christopher Froome, lui, continue sa folle échappée et passe en tête en toute logique au col de Sestrières, avant dernière difficulté de l’étape.
Puis arrive le dernier col du jour, le Jafferau, classé en première catégorie. Christopher Froome continue de creuser l’écart et s’impose en solitaire. La victoire assurée, tous les regards sont alors tournés vers le chrono. Plus les minutes défilent sur l’horloge de l’arrivée, plus on se dit que les écarts seront vertigineux. Et les dégâts colossaux. Simon Yates pourra en témoigner…
Thibaut Pinot, l’autre gagnant du jour
Le français, conscient que rivaliser avec Christopher Froome étant clairement injouable pour lui, il a alors géré son effort avec un but précis : intégrer le podium à l’issue de cette étape, et notamment briguer la troisième place.
Une stratégie payante pour Thibaut Pinot qui, à l’issue de cette étape grimpera à la troisième place. A quatre minutes dix-sept de Christopher Froome. Thibaut Pinot a fait grande impression aujourd’hui, se permettant même une petite attaque. De bonne augure pour les deux derniers jours de course.
L’écart qui impressionne
Alors que les principaux ténors de ce Giro arrivent, qu’en est-il de Simon Yates ? Dix minutes, vingt minutes, trente minutes… Et on ne voit toujours pas le britannique franchir la ligne d’arrivée… Il faudra finalement attendre trente-cinq minutes pour apercevoir sa silhouette passer la ligne d’arrivée. Du jamais vu…
Hallucinant scénario donc aujourd’hui sur les routes d’Italie entre Venaria Reale et Bardonnèche. A présent, il reste deux jours de course avant la fin de ce Giro. Deux jours à Christopher Froome pour conserver son maillot rose.
Deux jours c’est à la fois court mais long. Le britannique devra se méfier de son dauphin au général, Tom Dumoulin. A quarante secondes de Christopher Froome au classement général, le néerlandais peut encore espérer aller chercher la première place au général. L’étape de demain nous réservera-t-elle encore un grand moment de cyclisme ? Pour le spectacle, on l’espère.