La Grande Interview avec Marc-Antoine Olivier : « L’eau-libre, c’est la nage en milieu naturel, toutes les courses sont différentes, on doit à chaque fois s’adapter au milieu naturel où l’on nage. »

Sacré champion du monde du 5km en eau-libre en 2017, le nageur français Marc-Antoine Olivier revient tout au long de ce long entretien sur son parcours depuis qu’il a débuté sa carrière. Ses débuts, sa médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Rio, son titre de champion du monde sur 5km en eau-libre. Une interview dans laquelle Marc-Antoine Olivier évoque également son entraîneur, le très charismatique Philippe Lucas et son travail effectué avec lui depuis qu’il est sous ses ordres. Rencontre.

A quel âge avez-vous commencé la natation ?

J’ai commencé la natation à l’âge de sept ans au club de Valenciennes. Pour la petite anecdote, l’entraineur principal a demandé à mes parents de changer de club car je nageais trop vite, ceci à la demande de mon père !!! Le Club de Denain m’a accueilli à bras ouvert et j’y suis maintenant depuis 15 ans. Un grand Merci à Véronique et Yves GUDIN.

Pourquoi vous êtes-vous dirigé vers ce sport ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette discipline ?

Depuis ma naissance mon père m’a emmené à la piscine où mon frère aîné s’entraînait quotidiennement. J’ai très vite été attiré par l’ambiance des compétitions où chaque parent gesticulait et hurlait pour encourager ses enfants.

Quel est pour vous le plus grand moment en natation que vous ayez connu ?

Ma médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Rio avec le podium face à la Baie de Copacabana devant toutes les presses et les télévisions mondiales et une foule innombrable qui vous happe pour toucher, voir croquer votre récompense après la remise des médailles.

Vous êtes un spécialiste de la nage en eau libre. En quoi cela consiste-il ?

Ma spécialité est l’Eau-libre, sans oublier que je suis un nageur de fond en bassin (400m, 800m et 1500m NL) où j’ai remporté des titres de Champion de France. L’Eau-libre, c’est la nage en milieu naturel, toutes les courses sont différentes, on doit à chaque fois s’adapter au milieu naturel où l’on nage (lac, mer, fleuve, courant, conditions atmosphériques…), mettre en place différentes stratégies, préserver au mieux notre énergie afin de pouvoir à chaque fois décrocher lors des différentes compétitions le Graal, c’est ce qui fait la beauté de l’Eau-libre et de la spécialité de la Natation.

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Il n’y a pas de grand champion sans un grand entraîneur. Pouvez-vous nous parler de votre entraîneur Philippe Lucas (ses méthodes d’entraînement, ses exigences, son apport au quotidien dans votre réussite…) ?

Philippe LUCAS, mon entraîneur, est une personne au charisme impressionnant, un des meilleurs entraineurs du monde (Laure MANAUDOU, Camélia POTEC, Amaury LEVEAUX, Sharon VAN ROUWENDAAL, Aurélie MULLER) avec un palmarès énorme.

Ses exigences sont énormes, il faut être à plus de 90% de ses possibilités à  chaque entraînement et il ne connait pas les « excuses » pour maladie, blessure ou fatigue passagère.

Mais il ne faut pas oublier que si on est dans son Team, c’est pour atteindre le plus haut niveau mondial. Sa prise de parole en compétition avant une course nous sublime, ses anecdotes et le rappel du travail font de nous des vainqueurs en puissance.

Depuis quand vous entraîne-t-il ?

Je m’entraîne avec Philippe LUCAS depuis décembre 2014, bientôt quatre ans. C’est à ma demande que le Directeur Technique de mon club, Yves GUDIN, et mes parents l’ont contacté car malgré mon jeune âge je pensais être en fin de cycle à Rouen.

Philippe Lucas est un entraîneur de renom. Le rejoindre vous a-t-il mis une certaine pression ? Étiez-vous impressionné la première fois que vous l’avez rencontré ?

Je n’ai pas pour habitude d’être impressionné par les personnes que je rencontre mais j’ai un profond respect pour leur travail, leur compétence et leur palmarès…

A quoi ressemble une séance d’entraînement avec Philippe Lucas ?

Une séance dure entre 2h00 et 3h00, tout dépend à quelle période de travail l’on se situe, toujours composé d’un échauffement à sec, nage en piscine et étirements et parfois des séances d’athlétisme également.

Combien de temps passez-vous à l’entraînement par semaine ?

L’entraînement est composé de 10 séances par semaine de 2h00 à 3h00 chacune. Malgré notre spécialité en Eau-libre tous les entraînements se font en piscine.

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Lors d’une course de nage en eau-libre, quels sont les principales difficultés qu’un nageur peut rencontrer ?

L’Eau-libre c’est la nage en milieu naturel (fleuve, lac, mer), les conditions atmosphériques varient d’une course à l’autre : vent, pluie, soleil, les courants, température de l’eau sont des paramètres qui font qu’une course ne ressemble jamais à une autre.

Il faut s’adapter, être capable de changer de stratégie, de rythme de course en fonction des éléments naturels mais aussi des concurrents… Certains démarrent vite, d’autres attendent le sprint… Il faut être vigilent et réactif à tout instant de la course. Le ravitaillement est également un moment important de la course, le temps et moment de sa prise peut-être « le tournant » de la course.

La température, qui peut être très fraîche par moment, ajoute-t-elle encore une difficulté supplémentaire ?

La température de l’eau est l’élément le plus important, de 16° à 20° je redoute car mon physique (1m85 pour 62kgs) fait que ma masse graisseuse est hyper faible, à l’inverse j’apprécie les températures de 21° à 25° ou plus !!!

Quels sont les principales qualités que nécessitent la nage en eau-libre ?

3 qualités sont nécessaires pour exceller en Eau-libre :

  • Endurance
  • Sprint (les grandes courses se terminent au sprint et ceci étonne un grand nombre de journalistes)
  • Et bien sûr la stratégie. On part avec une stratégie que l’on met en place avec son coach mais qu’il faut bien souvent s’adapter selon les circonstances de la course

En 2016, vous participez aux Jeux Olympiques. Vous remportez la médaille de bronze sur le 10km en eau libre. Un podium aux Jeux Olympiques était un objectif clairement établi par vous ? Dans quel état d’esprit aviez-vous abordé ces JO ?

Dès ma qualification aux Jeux Olympiques lors des Championnats du Monde à KAZAN en Russie, j’avais « annoncé » que mon but était de faire un podium à Rio.

La préparation de cette compétition a été optimale avec la mise en place par, Stéphane LECAT, le Directeur Technique National de l’Eau-libre, et mon entraîneur, Philippe LUCAS, d’une année exceptionnelle, au travers :

  • De différents stages :

o   Brest : 1 semaine à l’Hôpital des Armées pour éviter le mal de mer

o   Stage en altitude : Sierra Nevada en Espagne

o   Séances d’entraînements très ciblées en collaboration avec Philippe LUCAS, mon coach, Stéphane LECAT, mon Directeur Technique National (D.T.N), et Patrick DREANO, mon Conseiller Technique Régional (C.T.R)

  •  Etapes de Coupe du Monde…

Ce qui m’a permis d’arriver avec un état d’esprit de guerrier et de vainqueur pour décrocher cette magnifique médaille de bronze sur le 10km.

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Comment un nageur gère son effort sur une distance aussi longue ?

Afin de gérer un effort sur une si longue distance, il y a des différents points à respecter :

  • Une bonne hydratation avant la course
  • Faire de bons ravitaillements
  • Savoir bien se placer durant les courses afin de s’économiser au mieux et de ne pas prendre de coup

En 2017, vous devenez Champion du Monde sur 5km nage en eau-libre. Quel sentiment avez-vous ressenti à ce moment-là ?

Ce titre de Champion du Monde sur le 5km en 2017 est l’aboutissement de 3 ans de travail depuis ma qualification aux Championnats du Monde à KAZAN en Russie (qualificatif pour les Jeux Olympiques de Rio).

Ça été une grande fierté de décrocher cette Médaille d’Or aussi bien pour la France, la Famille Eau-libre que nous sommes, ainsi que ma famille (mes parents et mon frère principalement) qui me suit à chaque Grande Compétition Internationale.

Comment vous étiez-vous préparé pour cette course ?

Je me suis préparé comme toutes les autres courses en essayant de mettre de côté cette pression de leader que l’on me donnait avec la famille de l’Equipe de France de l’Eau-libre.

Quel regard portez-vous sur cette course ?

Je porte un regard à la fois positif et négatif sur cette course.

Positif puisque l’objectif a été réalisé avec une grande fierté ayant décroché ce titre de Champion du Monde à 21 ans ; et négatif en ce que je n’ai pu appliquer la stratégie que j’avais mise en place avec mon coach et ça aura également été la course la plus difficile aussi bien physiquement que mentalement ayant voulu appliqué la stratégie de mon coach en attaquant à 2.5km, m’être fait contre-attaqué par mon coéquipier de l’Equipe de France (Logan FONTAINE) et ayant su trouver les ressources nécessaires et le moment opportun pour contre-attaquer et gagner cette course.

Quel est votre principale stratégie avant de prendre le départ d’une course ?

Une stratégie est mise en place avec mon coach et mon D.T.N en fonction des concurrents présents et surtout des conditions atmosphériques puis en dernier lieu de mon état de forme au moment de l’épreuve.

Avant d’aborder une grande compétition, avez-vous une préparation mentale particulière ? Avez-vous également des petits rituels avant chaque entrée en compétition ?

Comme tout grand athlète, j’ai ma préparation et mes petits rituels, mais cela restera mes petits secrets.

Aujourd’hui, quels sont vos principaux concurrents ?

Mes principaux concurrents sont les suivants : Ferry WEERTMAN (PAYS-BAS), Gregorio PALTRINIERI (ITALIE), Jordan WILIMOVSKY (USA), Kristof RASOVSZKY (HONGRIE), Jack BURNELL (ANGLETERRE) et Florian WELLBROCK (ALLEMAGNE).

Avez-vous un modèle dans le monde de la natation ?

Mon modèle est Thomas LURZ (ALLEMANGNE), le recordman de médailles sur tous les Championnats Continentaux et Mondiaux.

Voici son palmarès :

  • 2 médailles aux Jeux Olympiques
  • 19 médailles aux Championnats du Mondes dont 12 OR
  • 7 médailles aux Championnats d’Europe dont 7 OR

Aujourd’hui, dans quel domaine pensez-vous pouvoir vous améliorer encore en course ?

J’aimerai pouvoir maintenir un rythme très important dans les derniers 1 500m ; et physiquement, renforcer ma musculation au niveau des bras et des jambes.

Enfin, le 1er décembre 2016, vous êtes fait Chevalier de l’ordre national du Mérite. Quel regard portez-vous sur cette distinction particulière ?

C’est un grand honneur de se faire remettre une distinction nationale par le Président de la République en fonction (François Hollande), de rentrer au Palais de l’Elysée avec mes parents et mon frère et de rejoindre dans l’assemblée, le Président de ma fédération et premier et fidèle sponsor, Pierre GUIRARD, PDG de WYZ GROUP EUROP.

Propos recueillis par Alexandre HOMAR

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