Sacré Champion d’Europe sur 200 mètres quatre nages l’année dernière à Glasgow, le nageur suisse Jérémy Desplanches revient tout au long de cet entretien sur son parcours depuis qu’il a débuté sa carrière : ses débuts, ses premiers Jeux Olympiques à Rio en 2016, son titre de champion d’Europe en 2018 et les sacrifices que cela représente. Une interview dans laquelle Jérémy Desplanches évoque également son choix d’avoir rejoint l’entraîneur Fabrice Pellerin et son travail effectué avec lui depuis qu’il est sous ses ordres. Un entretien où il évoque enfin tout ce qui peut jalonner son quotidien de nageur de haut niveau. Rencontre.
Tout d’abord, à quel âge avez-vous commencé la natation ?
Entre huit et dix ans.
Pourquoi vous êtes-vous dirigé vers ce sport ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette discipline ?
En fait ma grande sœur nageait et faisait de la danse. Moi c’était natation et judo. Au judo je me suis fait éclater à la première compétition. Du coup mon père m’a dit clairement que ce n’était pas pour moi, et m’a conseillé de faire plutôt un sport où il n’y a pas de contact et de combat. Donc la natation, c’était pas mal.
A vos débuts, avant même de disputer des compétitions, où preniez-vous le plus de plaisir dans le bassin ? Y avait-il une nage que vous appréciez plus qu’une autre ?
Au tout début, j’ai beaucoup aimé le papillon et le dos. En fait dès le début, j’avoue que je n’arrivais pas trop à me caser sur une seule nage et à ne perfectionner que ça. Donc j’ai essayé de faire du quatre nages, un tas de trucs. Ça ne marchait pas très bien parce que j’ai eu des débuts assez difficiles. Parce que je ne m’entraînais pas sérieusement. Je me suis direct orienté vers la polyvalence.
L’esprit de compétition a-t-il toujours été en vous, où vous l’a-t-on inculqué plus tard ?
(Rire) Ah ça, heureusement et malheureusement, il a toujours été en moi. C’est un truc qui est vraiment bien pour la compétition, c’est sûr. Mais après, dans la vie de tous les jours, ce n’est pas forcément non plus un cadeau. Je sais que par exemple quand j’étais à l’école et que j’y allais en vélo pour mes cours, et que je voyais un mec en scooter à coté, je n’arrivais pas à m’en empêcher, il fallait que j’essaie d’aller aussi vite que lui !
A partir de quel moment avez-vous compris que vous aviez le niveau pour devenir professionnel ?
A dix-huit ans je pense. Quand j’avais fait la deuxième fois les Euro Junior, je me suis dit que c’était pas mal. Mais le vrai déclic je l’ai eu à seize ans. En fait, jusqu’à seize ans, je nageais que pour le plaisir. Je nageais et je faisais pas mal de roller. Donc j’allais au skate parc, je loupais les entraînements, c’était vraiment plus un hobby qu’autre chose.
Et à seize ans, quand il y avait l’objectifs des Euro Juniors, il fallait commencer à s’entraîner sérieusement et je n’avais plus le droit de louper un entraînent sur deux, j’ai dû faire un choix. Soit je fais l’un très bien donc je fais de la natation à 100%, soit je reprends mes études et je suis un peu plus tranquille. Mais j’ai eu le coup de cœur avec la natation donc je me suis concentré là-dessus.
Devenir nageur professionnel, c’était un objectif pour vous où vous destinez à tout autre chose que la natation ?
En fait, ça s’est fait sur la durée. A la base, je pensais me qualifier aux Jeux une fois, y participer et voilà. Je pensais avoir fait mon temps en natation. Mais après j’ai vu qu’il y avait possibilité d’être un peu meilleur et de profiter plus de ça. Pas seulement comme une qualification. Ça s’est vraiment fait au fur et à mesure.
Vous souvenez-vous de votre première grande compétition que vous avez disputée pour représenter votre pays, la Suisse ?
Oui, carrément. La première vraiment grosse compétition, c’était les Championnats d’Europe en petit bain. C’était la première compétition où je m’en souviens je suis entré dans l’ascenseur avec Alain Bernard je me suis dit « waouh ! Il prend l’ascenseur lui aussi ! C’est un truc de fou ! » J’ai réalisé que les autres nageurs c’était juste des nageurs et pas des héros ou autres choses. J’ai super mal nagé à cette compétition, j’étais plus en tant que spectateur qu’autre chose. Je voyais Yannick Agnel, Alain Bernard, c’était impressionnant ! Ça donne vachement envie.
L’année dernière, à Glasgow, vous avez décroché le titre de Champion d’Europe sur 200m 4 nages. Partir de ces Championnats avec un titre de champion d’Europe était-il dans vos objectifs initiaux ?
Franchement, il y a quelques années, je n’aurai jamais pensé faire ça. C’était un objectif qui est venu après les Championnats du Monde où là j’étais en finale et j’ai fait un très bon temps. Donc là je me suis que oui, peut-être qu’une médaille c’est possible. Après, le titre en lui-même, j’avoue que j’y pensais dans un petit coin de ma tête mais ce n’était pas ça ou rien. Une médaille aussi, ça aurait été pas mal.
Comment vous étiez-vous préparé pour ces Championnats d’Europe ? Comment avez-vous construit ce sacre ?
Ça s’est construit un peu toute l’année. Je pense qu’à chaque entraînement ou autre chose, dès que j’étais un peu dans le dur, je pensais à ça. Je me disais que mes concurrents eux à l’entraînement sûrement n’avaient pas de coup de mou ou s’entraînaient plus dur que moi. Je pensais surtout à ça. Après, pendant les courses précédentes surtout, le matin et la demi, c’était vraiment objectif de ne pas se cramer. Et de ne pas en monter trop non plus.
A ce moment, quand vous devenez champion d’Europe, on se dit que tous les sacrifices qu’on a dû faire, ça y est, ça paye enfin ?
Oui, c’est exactement ça ! C’est quelque chose que je n’avais encore jamais connu. Ce n’était pas vraiment que la joie. Il y avait un peu joie, de colère, il y avait beaucoup d’émotion. Parce que tu as envie de dire à toutes les personnes qui t’ont dit comme quoi ça ne marche pas, que les notes n’étaient pas là parce que tout simplement j’allais moins en cours qu’à l’entraînement. Il y a plein de personnes qui ont dit « Desplanches, ça coule à pic » ou des trucs du style, et que j’aurai envie de retourner vers eux et leur montrer la petite médaille et en leur disant « tu n’y a pas cru, mais moi si ! »
Quels sacrifices justement cela représente-t-il ?
Ça représente beaucoup. Je pense que ça en vaut vraiment la peine si jamais les résultats sont là. Après, on a un peu une vie d’ermite. C’est-à-dire qu’on se couche assez tôt, on fait attention à ce qu’on mange. Niveau vie sociale, on en a une, mais c’est surtout entre nous. On évite de sortir, on ne rencontre pas beaucoup beaucoup de personnes qui ne sont pas du milieu sportif, tout simplement.
Après aussi niveau des vacances, on est super timé. On a quelques semaines à tel moment, on ne peut pas partir en week-end quand on veut ou se dire que le soir j’ai pas envie d’aller nager et j’y vais pas. On ne peut pas.
Quelles sont les principales difficultés que l’on peut rencontrer en compétition lorsqu’on dispute le 200m 4 nages ?
Le quatre nages, c’est une nage un peu à part. C’est-à-dire que vu qu’il y a les quatre disciplines dans une, on peut progresser assez rapidement. En fait, dès qu’on a un trou dans une des quatre nages, on peut progresser rapidement, en comblant cette faiblesse. Moi, c’est ce qui m’est arrivé. L’année des Jeux, j’étais à une minute cinquante-neuf. Et mon dos était vraiment vraiment mauvais. Sauf que je ne m’en rendais pas compte vu que j’étais tellement concentré sur le quatre nages. Et juste en travaillant ce défaut, j’ai gagné deux secondes l’année d’après. A ce niveau-là, je ne pensais pas pouvoir combler autant ces lacunes.
Quelles sont les exigences de cette discipline ?
Il faut accepter d’être bon, seulement en quatre nages en fait. Parce que certes, sur un 100 mètres crawl, sur un 200m brasse, sur un 200m papillon je vais pouvoir être pas mal. Je vais pouvoir m’illustrer sur un championnat de France ou je ferai une finale, voir médaillé. Mais je ne ferai rien d’extraordinaire sur une autre course sur 200 mètres.
Qu’avez-vous ressenti de rapporter une nouvelle médaille à la Suisse, dix ans après celle de Flavia Rigamonti à Eindhoven ?
C’était vraiment cool. J’ai vu beaucoup de personnes publier le truc sur Internet, sur WhatsApp ou sur Instagram. Ça a quand même fait parler un peu la natation suisse donc c’est quelque chose qu’on avait besoin je pense. Là on a eu deux médailles, donc ça fait redorer le blason de la natation helvète. Moi, c’était un honneur de montrer que même en étant suisse, ça peut se faire. Ce n’est pas impossible.
Autre gros moment de votre carrière, les Jeux Olympiques de Rio en 2016. Tout d’abord, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris que vous disputeriez vos premiers Jeux Olympiques ?
Moi, ça s’est fait un peu bizarrement. En suisse, on peut se qualifier un an avant. Si on fait par exemple le temps aux championnats du monde, on peut y aller. Moi, je n’étais pas au courant de ça. Donc j’ai fait ma qualif’ le matin des championnats du monde. Mon meilleur c’était deux minutes une et je suis passé à une minute cinquante-neuf d’un coup. Et là, du coup j’ai fait le temps. Sauf que je ne le savais. Donc en sortant de ma course, le DTN m’a prévenu « tu as fait le temps de qualif’ ! ». Donc là gros coup de speed. J’étais hyper heureux. Je vais nager un petit peu. Et en fait au bout de 100m dans le bassin de récup’, beaucoup d’émotions. Je vais aux toilettes, je vomi, c’était trop pour ce que je pouvais encaisser sur le moment. Mais c’était vraiment des superbes émotions.
Et après, ça m’a pris un peu de temps de réaliser que j’allais faire les Jeux. Surtout l’année 2016 parce que vu que je savais déjà que j’étais qualifié, je n’ai pas eu besoin de me préparer aux échéances comme les championnats de France ou les championnats de Suisse. Je savais que j’y allais. Donc l’année a été hyper longue.
Comment avez-vous vécu ces Jeux de l’intérieur ?
Bien, c’était mes premiers Jeux donc j’ai trouvé les infrastructures géniales, la piscine était belle, le village était franchement incroyable. C’était le pied, je n’ai pas nagé hyper bien parce que j’étais tellement obnubilé par ce qui se passait, que c’était les Jeux, que c’était un rêve d’enfant, ce sont des erreurs que je ne referai pas à Tokyo, mais c’était un très très bon moment.
Au cours de ces Jeux Olympiques, vous êtes notamment alignés sur le 200m 4 nages. Épreuve où vous vous hisserez jusqu’aux demi-finale mais finirez huitièmes. Avec le recul, quel bilan feriez-vous de ces Jeux ?
Franchement, je n’ai pas été bon. Dans la chambre d’appel déjà j’étais battu. J’ai fait la qualif’ le matin dans la peine et la souffrance avec un temps qui n’était pas super. Ça m’a coûté beaucoup parce que je voulais tellement rentrer en demi et j’étais vraiment au clair que la demie ça serait le mieux que je pourrai faire. Et une fois que j’étais en demi, je me suis pointé à la demi-finale et je savais que ça n’allait pas aller plus loin. J’étais dans la même série que Michael Phelps, Ryan Lochte…. Je les ai vu dans la chambre d’appel, j’avais aucun doute là-dessus, je savais que j’allais me faire éclater. Ce n’est pas pro hein, ce n’est pas le bon état d’esprit, mais j’étais vraiment au clair là-dessus et je pense que ça m’a pompé une énergie folle de me dire « bon alors lui je ne peux pas le battre, lui non plus, lui non plus, lui non plus. Il en reste trois que je peux battre… Il en reste pas beaucoup… »
Quelle impression gardez-vous de Michael Phelps ? Pouvez-vous nous parler un peu de lui, comment il est en compétition, ses qualités en nage ?
Ses qualités en nage, je pense qu’on les voit à la télé, c’est indéniable. Mais ce qu’on en voit pas à la télé, c’est que le mec il a une présence, mais vraiment impressionnante. Je me souviens, moi j’étais là bien en avance à la chambre d’appel parce que j’aime bien y être en avance. Et puis faut dire que j’étais sacrément stressé. Et juste en voulant changer de musique, je vois dans le reflet de mon téléphone qu’il était sur le siège derrière moi. Et là, sueur froide ! (Rire)
J’ai arrêté de respirer, je me suis dit « oulah, il est là ! » Le patron est arrivé. C’est surtout une présence.
C’est un privilège de pouvoir disputer des courses aux cotés de nageurs tel que Michael Phelps ?
Surtout dans l’approche je pense. Parce que dans la course, même s’il n’était pas à coté, il était bien devant, j’étais quand même concentré sur ce que je faisais. Mais je vois surtout dans l’approche de course, dans la gestion, dans la maturité qu’il avait d’approcher ses courses, c’était à un niveau mais totalement différent du miens, c’était incomparable.
Vous avez également décidé de rejoindre Fabrice Pellerin comme entraîneur en 2014. Un entraîneur qui a vu passer beaucoup de grands champions et également actuel entraîneur de votre compagne Charlotte Bonnet. Tout d’abord, pourquoi ce choix de rejoindre Fabrice Pellerin ?
Ça revient en 2012, il y a les Championnats d’Europe petit bassin avec mon ancien entraîneur qui étais semi professionnel. Donc il ne pouvait pas m’entraîner le matin. Et à cette période-là, je me suis dit qu’il fallait quand même que je m’entraîne deux fois par jour si jamais je veux passer au niveau supérieur. Du coup, tout simplement, j’avais pensé à l’Australie, à l’Amérique, enfin des trucs un peu cliché et normal parce que ça donne un peu envie. Mais dans le bassin d’échauffement, j’avais entendu Fabrice, que je ne connaissais pas. A la base je ne savais pas qui était qui, à part vraiment les grandes têtes d’affiches.
J’ai entendu Fabrice parler avec ses nageurs et le discours m’avait bien plu et je me suis dit qu’il avait l’air atteignable, abordable et que j’aimerai bien essayer d’aller là-bas. J’en ai parlé à mon ancien entraîneur, qui a fait la démarche de rencontrer Fabrice pour voir si je pouvais faire une petite semaine d’essai. Parce que je n’avais pas le niveau que j’ai maintenant. Et j’aurai largement compris qu’il me dise non, je n’ai pas envie. Mais il a accepté. J’ai été faire une semaine en milieu d’année. C’était la semaine de reprise après les championnats de France pour eux. Donc c’était une semaine super cool. Alors que pour moi, c’était la semaine la plus dure de ma vie. J’étais à fond, à 100%. J’étais derrière Charlotte, j’étais derrière tout le monde.
Dans ma tête, moi qui voulait faire mes preuves, je sais que je suis derrière, à tous les coups il va me dire que je ne veux plus de lui. Il n’a rien dans le ventre, il avance pas. Mais il a trouvé quelque chose qui lui a donné envie, peut-être ma mentalité, je ne sais pas trop. Mais il m’a dit de revenir pour m’entraîner à durée indéterminée, voir ce que ça donne.
Après cette semaine, je suis retourné en Suisse pour finir mon année. Je suis revenu en septembre faire un mois avec lui. Après j’ai dû partir pour faire mon service militaire qui était déjà prévu depuis un petit moment. Ça a duré d’octobre à mars plus ou moins. Et en mars 2014 je suis retourné avec Fabrice.
Pouvez-vous nous dire à quoi ressemble vos séances de travail avec Fabrice Pellerin ?
C’est dur d’en décrire une parce qu’elles sont toutes assez différentes. C’est ça d’ailleurs que j’aime beaucoup. On n’a pas le temps de s’ennuyer. En théorie, on va faire un peu comme un menu au resto : tu as l’entrée, plat, dessert. Et l’échauffement est assez peu, environ 500, 1000 mètres. Donc ce n’est vraiment pas beaucoup par rapport à certains clubs. Après une grosse série ou plusieurs grosses séries, et un petit peu de souplesse à la fin de récupération pour être sûr de remettre un peu tout en place.
Qu’avez-vous remarqué, constaté dans votre évolution depuis que vous êtes sous ses ordres ?
Alors déjà, je n’ai plus envie de perdre ! Au début, même en 2014 j’ai fini 19eme au championnat d’Europe je crois. Pour moi, dix-neuvième aux Championnats d’Europe c’est pas mal. Il n’y a que 18 personnes devant moi, c’est pas mal. (Rire) Mais maintenant, juste me dire que je suis quatrième, ça m’aurait embêté. J’ai vraiment mis beaucoup plus de maturité là-dessus et d’approche dans les courses. Je n’y vais plus pour participer, tout simplement.
Dans quels domaines avez-vous l’impression de pouvoir encore progresser ?
Dans tout ce qui est dans l’eau en fait. Je pense que mentalement, j’ai bien appris et je me constate beaucoup plus mature qu’avant. Mais on apprend toujours, mais dans l’eau et je pense notamment dans tout ce qui est « non nager », là je le vois encore plus depuis qu’il y a Jérémy Stravius à l’entraînement. Son virage coulé est simplement monstrueux et moi je vois que je prends un véritable trou à ce moment.
A Nice, vous êtes proche des nageurs Jordan Pothain et Jérémy Stravius notamment. Quel regard portez-vous sur eux ? Vous formez une bonne bande de pote…
Oui c’est ça ! Franchement, on s’entend tous vraiment très bien. Ça nous arrive je pense au moins une ou deux fois par semaine d’aller manger ensemble ou de faire une petite activité. A l’entraînement on se serre les coudes. Mais on est aussi concurrents à l’entraînent. Mais c’est vraiment une concurrence qui est hyper saine et il n’y a pas de négativité là-dedans.
Dans une carrière de nageur, le mental joue aussi beaucoup. Comment arrivez-vous à gérer votre stress avant le début d’une course ?
Moi, j’ai de la chance avec ça, je n’ai jamais eu de problème de stress. Au contraire, il faut que je stress si jamais je veux espérer nager vite. Ça me met un peu dans l’ambiance et j’arrive à transformer le stress en excitation, en impatience assez rapidement. Il faut que je stress.
Sur le plan mental, lorsque vous êtes en chambre d’appel, à quelques minutes seulement de plonger dans le grand bain, à quoi pensez-vous ? Vous êtes dans votre bulle ? Comment vivez-vous ce moment ?
C’est très dur de décrire maintenant que je n’y suis pas mais en fait on est là-bas vingt-cinq minutes environ en avance. Moi j’aime bien y être un peu plus même. Au début j’écoute un peu de musique, je suis sur mon téléphone, je joue à un petit jeu, enfin quelque chose qui me garde un peu en dehors de ça. Après je ferme les yeux, je revisualise ma course une dernière fois et après j’attends que ça passe pour aller devant le plot et hop, c’est parti.
Aujourd’hui, vous êtes en couple avec Charlotte Bonnet. Aux Championnats d’Europe de Glasgow, elle s’est notamment distinguée en remportant trois médailles d’or (Médaillée d’or au 200m nage libre, médaillée d’or au relais 4x100m et du relais mixte 4x100m). Elle n’en finit plus d’impressionner. Que vous inspire-t-elle ? Quelle est votre regard sur elle et l’athlète qu’elle est ?
J’ai un regard vachement différent je pense de la plupart des personnes parce que je la vois s’entraîner tous les jours. Je ne trouve pas que c’est un exploit. Je trouve juste qu’en fait, c’est normal les médailles qu’elle a faites. Parce que quand je vois comment elle s’entraîne, et l’assiduité qu’elle apporte à chaque entrainement, ce qu’elle donne à chaque entraînement, le rythme de vie qu’elle s’impose à propos de ça, je trouve que c’est normal en fait. Ce n’est même pas un exploit. Ah bravo c’est sûr, parce que c’est vraiment des belles performances mais j’aurai été surpris de l’inverse.
Elle ne laisse rien au hasard à l’entraînement…
Exactement. Elle ne laisse rien au hasard. Il y a beaucoup de nageuses qui sont venues s’entraîner avec elle, et j’en ai pas vu une seule passer devant !
Il vous arrive de vous donner des conseils avant de démarrer une compétition ou d’échanger mutuellement sur vos courses et performances ?
Oui. Sur les courses oui. Quand ça m’arrive de faire du crawl, je vais lui demander comment on fait. Et elle aussi sur le quatre nages. Mais après, ce n’est pas tellement des conseils qu’on se donne mais c’est plutôt une discussion qu’on a : comment t’as senti ça, tu te sens bien ? t’es fatigué ? T’es en forme ? C’est plutôt un échange que des conseils.
Un mot sur le retour de Florent Manaudou ?
Moi je pense que Florent il ne s’était jamais vraiment écarté des bassins. Parce qu’il a un talent et un physique hors norme qui lui permet de faire un 50 mètres d’un niveau olympique. Je pense qu’il va revenir très très fort, ça lui a quand même manqué. Pas forcément manqué de nager, manqué de gagner. Moi je pense qu’il va revenir avec la soif de vaincre et ça va lui faire du bien. Et aussi à l’Équipe de France.
Enfin, quels sont vos prochains objectifs ?
Alors pour moi, les prochains objectifs c’est les Championnats du Monde qui se dérouleront en Corée. Là le but, ça serait d’être dans le TOP 5. Le TOP 5, je trouve que c’est un objectif réalisable, possible. C’est quelque chose qui me permet sur un très bon jour d’envisager d’être médaillable et sur un moins bon jour de rester finaliste. Ça me paraît pas mal.
Propos recueillis par Alexandre HOMAR