Troisième en 2015 des Championnats du monde de swimrun « Ö Till Ö », le swimrunner français Nicolas Remires nous emmène, tout du long de cet entretien, à la découverte de sa discipline : le swimrun. Rencontre.
Tout d’abord, quand avez-vous découvert le swimrun pour la première fois ?
J’ai découvert le swimrun pour la première fois en 2013 quand je suis arrivé à Stockholm. C’est là où je me suis rendu compte que ce sport où les participants nagent et courent existait.
Et puis on m’a proposé d’aller faire une sortie swimrun avec des personnes de mon quartier. Puis à partir de là, on m’a ensuite proposé de faire une course avec une des personnes avec qui j’allais courir.
Pourquoi vous êtes-vous dirigé vers ce sport ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette discipline ?
En fait, moi j’organisais des courses de trail sur Stockholm. C’était assez populaire, il y avait énormément de participants. Mais ça restait dans un esprit très convivial et ça restait des courses individuelles.
Alors quand certains des meilleurs coureurs de ces trails m’ont dit qu’il fallait essayer le swimrun, que ça pouvait être vraiment sympa et que j’allais me régaler car en plus je cours bien et je sais nager.
Et quand je m’y suis mis, en fait j’ai beaucoup aimé car c’était un sport d’équipe. L’objectif c’est vraiment de bouger le plus vite possible, dans un environnement qui est naturel, avec son coéquipier. Et la performance ne dépend pas forcément du niveau de l’athlète A et de l’athlète B, mais ça dépend vraiment de l’équipe. Et ça m’a bien plu.
Et puis après il y aussi tous ces moments où l’on planifie nos sorties. Là où l’on habite à Stockholm, c’est le rêve pour le swimrun. Il y a des lacs partout, il y a des îles, des archipels. Donc quand on va faire un entraînement ou une sortie swimrun, on passe quelques journées auparavant sur la carte pour regarder quelle boucle on va faire, vers quel lac nous allons plutôt aller nager. Notre terrain de jeu est illimité !
Et puis ce que j’ai aimé, c’est aussi ce sentiment de se sentir vraiment libre. Moi, quand je vais courir, s’il y a un lac à traverser, on le traverse en nageant. Il n’y a pas cette limite de : « bon, qu’est-ce qu’on fait ? On le contourne ? ». Non, on va tout droit et puis ça passe. On ressort de l’autre côté et on va chercher le prochain lac.
Faire des performances, se montrer en compétition en signant des bons temps, était tout de suite un objectif pour vous ou bien vous faisiez ça tout d’abord en simple passionné de swimrun ?
En fait, pour moi, si je fais une course, je n’aime pas participer. Si je paye pour faire une course, c’est pour aller faire clairement quelque chose. Là, en swimrun, je me suis rendu compte que j’avais un bon niveau d’endurance et surtout de résistance. Ça veut dire que je peux quand même encaisser pas mal d’efforts assez élevés pendant un certains nombre d’heures.
Puis ce changement de passage, de la course à pied à la natation, ça m’a aussi permis de me remettre à la natation que je pratiquais il y a quelques années. C’est assez vite revenu.
Au niveau des performances, on s’entraîne vraiment en configuration swimrun. C’est-à-dire qu’on va nager comme des nageurs, avec des séries vraiment très spécifiques pour faire du renforcement. Et puis après on va courir comme des coureurs : on va courir sur la piste, on fait nos séances d’intervalles, on fait vraiment tout comme les coureurs.
En 2014, je gagnais des courses. On partait devant et il n’y avait personne qui nous rattrapait. On ne revoyait vraiment plus personne. Alors qu’aujourd’hui, vraiment, c’est la bagarre. Ça court en peloton devant, ça se regarde. Donc ça devient très stratégique. Mais oui, en 2014 et 2015 j’ai pratiquement gagné toutes les courses que je faisais. Ça m’a permis un peu de me faire reconnaitre dans cette communauté swimrun.
Quelles sont les exigences que demande la pratique du swimrun ?
Il faut être le meilleur nageur et le meilleur coureur possible. Donc pour ça, il faut passer des heures sur la piste et des heures à la piscine. Après, il faut trouver le bon coéquipier qui va aussi te permettre de réaliser tes objectifs. Donc il faut aussi que ce soit une personne qui est dans la même optique que toi. Et ça, ce n’est pas facile à trouver. Ensuite, il y a toute la notion d’équipement et toute la notion de connaissance des parcours.
Alors maintenant, en 2019, tu allumes ton ordinateur, et tu vas sur une carte et tu vois tout. Mais il faut prendre le temps de le faire. La première année où j’ai fait « Ö Till Ö » en 2015, on a passé mais des heures et des heures à étudier la carte. Et ça, ça permet également de se déstresser pendant la course. C’est vraiment un stress en moins.
Et pareil pour l’équipement. Si tout l’équipement est bien rodé, on n’a pas à se soucier de l’équipement. Et tout ça fait également partie de l’entraînement.
En 2015, vous décidez de disputer les championnats du monde de swimrun « Ö Till Ö ». Vous allez alors monter sur le podium, finissant troisième de la course. Tout d’abord, quelles sont les caractéristiques de cette course, comment se déroule-t-elle ?
Alors « Ö Till Ö », c’est les championnats du monde de swmirun. Soixante-quinze kilomètres. Ça part du nord de l’archipel de Stockholm et ça descend soixante-quinze kilomètres au sud. Et y a vingt-six îles à passer.
Concernant les caractéristiques, ce ne sont pas des natations très très longues. La plus longue fait 1700 mètres. Il y a quatre natations de plus de mille mètres. Au total, il y a dix kilomètres à nager.
Après, il y a trois îles qui sont assez longues. Il y en a une de neuf kilomètres, une de neuf encore et une de vingt kilomètres sur des routes en graviers ou en bitume. Et après ce ne sont que des îlots très techniques. Donc ça demande pas mal d’adaptation.
Quand j’ai fait « Ö Till Ö » en 2015, je courrai avec Julian Dent, un australien. On était les meilleurs coureurs à ce moment-là. Mais le problème, c’est que nous ne nagions pas assez vite comparé aux autres équipes. Mais notre stratégie, c’était, sur le vingt kilomètres, d’être le plus performant. Le vingt kilomètre arrive au bout de cinq heures d’effort à peu près. Et ce vingt kilomètres, on l’a couru en une heure vingt-neuf. On a fait le meilleur temps. On met presque dix minutes à toutes les autres équipes. Quand on est arrivé au début du vingt kilomètres, on avait vingt-deux minutes de retard sur les leaders. Vingt-deux minutes, tu te prends une claque, c’est beaucoup. Et à l’arrivée, on est neuf minutes derrière les vainqueurs. Qui n’étaient pas les mêmes que les leaders. Ceux qui étaient leaders, qui avaient vingt-deux minutes d’avance, on les a rattrapés. Ils ont explosé. Ils ont fini quatrième à la fin. Et on était que trois minutes derrière les deuxièmes.
Cette année, on vise de courir en une heure vingt-neuf le vingt kilomètres. C’est notre but là. Il faut qu’on arrive frais après quatre heures et demie pour arriver à cette performance. Par contre, il faut réussir à être devant !
Et « Ö Till Ö », ça commence par la plus longue natation, 1700 mètres. Et c’est un départ un peu groupé. Donc ça veut dire qu’il y a les 160 équipes qui vont entrer dans l’eau ensemble !
En plus de le pratiquer, vous êtes également devenu entraîneur. Pourquoi ce choix d’entraîner ? Qu’est-ce qui vous a motivé à transmettre vos compétences aux nouveaux arrivant dans cette discipline ?
J’ai eu l’opportunité d’entraîner des équipes de course à pied. Des entreprises aussi. J’ai commencé à faire ça sur Stockholm, c’est très populaire. Et puis j’ai vu que je commençais à avoir pas mal de personnes et que je n’étais pas mauvais dans cet exercice. Et puis comme je me suis mis à faire du swimrun, j’ai commencé à avoir beaucoup plus de swirunner dans mon réseau. Et après j’ai monté ma propre entreprise de caoching. Et je fais faire du swimrun à des entreprises.
Justement, quel message aimeriez-vous passer pour inciter les gens à se mettre au swimrun ?
Pour faire des swimrun, comme je dis à toutes les personnes qui me posent cette question, c’est de trouver une personne pour aller avec vous déjà. N’y aller pas tout seul. C’est plus marrant d’être à deux ou à trois. Et de préparer une belle boucle et d’aller découvrir.
Vous n’avez pas besoin de matériel, vous n’avez pas besoin de quoi que ce soit. Juste comme quand on était enfant, avec un short et des chaussures, et on se jette dans l’eau. On va nager jusqu’au rocher là-bas au fond, on va courir là-bas sur les rochers, on revient. C’est vraiment ce qu’on fait nous ici. Avec mon ami Julian, notre point de rencontre quand on va s’entraîner, c’est au milieu d’un lac ! Et après on décide où l’on va.
Aujourd’hui vous êtes également à la tête de l’Association Team Envol. En quoi cela consiste ?
C’etait en 2017 ça. En fait c’est parti d’une idée toute bête : j’avais besoin de trouver des personnes avec qui m’entraîner. Donc je me suis dit, autant monter une équipe ! Donc j’ai monté l’équipe Team Envol. Maintenant il y a une centaine de membres. En fait c’est une équipe internationale maintenant. J’ai des ambassadeurs à Montpellier, en Bretagne, en Angleterre. Il y en a vraiment partout. Là je suis en train de débuter la Team Envol aux États-Unis à Los Angeles. C’est vraiment une grosse communauté. Et puis c’est aussi une visibilité pour moi.
Enfin, quels sont vos prochains objectifs ?
Mon prochain objectif, c’est « Ö Till Ö » qui arrive cette semaine. Ça va être sympa, on ne se prend pas trop la tête pour le résultat.
Après, le 22 septembre, il y a la course aux mille lacs en Allemagne. Là j’y vais avec un copain à moi, un espagnol. Là, on y va vraiment pour gagner.
Ensuite il y a la course à Cannes avec Julien Pousson. L’an dernier on perd de neuf secondes ! Celle-là on l’a encore en travers. Donc on y va vraiment pour faire une grosse performance. Et après il y a une nouvelle course « Ö Till Ö » à Malte au mois de novembre. J’y vais aussi avec Julien Pousson.
Et puis moi je suis de Carcassonne. Le 28 septembre il y a un swimrun à Carcassonne. Donc j’y vais avec mon ami Julian. J’espère que tous les swimrunner de l’Occitanie viendront ! J’aimerai que ce soit un rassemblement un peu plus local pour tous les swimrunnners qui suivent un peu le Team Envol. Que ce soit un peu un point de rencontre.
Propos recueillis par Alexandre HOMAR