Rencontre avec Eugénie Dorange : « Les JO de Paris représentent mon objectif majeur à long terme. »

Photo en Une de : Philippe Millereau, FDJsport

Double Vice-Championne du Monde Junior dans la catégorie C1 200m et Championne de France en 2016, Eugénie Dorange revient tout au long de cet entretien sur son parcours depuis qu’elle a débuté sa carrière. Élue « Etoile du sport » en 2018, Eugénie Dorange nous emmène à la découverte de sa discipline : le canoë-kayak. Un entretien où Eugénie Dorange évoque également les Jeux Olympiques de Tokyo et ceux de Paris en 2024. Rencontre.

Tout d’abord, quand avez-vous découvert le canoë-kayak pour la première fois ?

J’ai commencé le kayak à l’âge de 8 ans, précisément en août 2006, au club de l’olympic canoë kayak Auxerrois (OCKA). J’ai ensuite commencé le canoë quand j’avais 12 ans. Comme c’est un sport asymétrique il faut attendre une certaine maturité avant de commencer.

Pourquoi vous êtes-vous dirigée vers ce sport ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette discipline ?

Je n’y suis pas arrivée par hasard, mon cousin était champion du monde d’aviron, et avec ma grande sœur on a demandé à nos parents de faire comme lui.

Seulement à Auxerre il n’y avait pas de club d’aviron, mais un club de canoë kayak, mais on a tout de suite accroché ! Quand j’étais petite j’aimais beaucoup le côté ludique et pas commun de ce sport, puis la sensation de glisse qui vient plus on s’entraîne et plus on va vite.

L’esprit de compétition a-t-il toujours été en vous, où vous l’a-t-on inculqué plus tard ?

L’OCKA est un club de compétition, j’ai fait ma première compétition seulement quelques mois après avoir commencé. Je pense que quand j’ai commencé j’avais déjà un peu l’esprit de compétition dans le sens où je n’aime pas perdre, et le fait de faire régulièrement des courses n’a fait que développer cet esprit-là !

A partir de quel moment avez-vous compris que vous aviez le niveau pour devenir professionnel ?

Alors il faut savoir que l’on n’est pas vraiment professionnel en canoë kayak, du moins pas en France. On est sportif de haut-niveau, on peut donc bénéficier de convention d’insertion professionnelle (CIP), on peut trouver des sponsors, des mécènes, bénéficier d’aides par la fédération, etc.

Dans mon cas tout s’est fait assez naturellement, j’ai remporté mes premiers championnats de France en minime, à l’époque je m’entraînais deux à trois fois par semaine. En grandissant j’ai commencé à m’entraîner de plus en plus, et j’ai progressé.

Vous souvenez-vous la première fois où vous êtes appelée en Équipe de France ?

J’ai couru pour la France pour la première fois à l’âge de 15 ans en 2013, aux Olympic Hopes, mais ce n’est pas un championnat officiel comme les championnats d’Europe ou du monde. Je les ai d’ailleurs remportés en C1 200m et C2 500m. Sinon, mes premiers championnats d’Europe ont été l’année, en 2014, où j’ai couru à domicile car ils se tenaient à Mantes-la-Jolie. J’étais très fière et super excitée, d’autant plus que je me suis qualifiée en équipe pour 6 centièmes de seconde.

Quel a été votre première grande compétition avec l’Équipe de France ?

J’ai couru mes premiers championnats du monde senior en 2015, à 17 ans. C’était grandiose, un premier pas dans la cour des grands mais sans trop de pression puisque je n’avais pas grand-chose à jouer.

Faire des performances, se montrer en compétition en signant des bons temps, était tout de suite un objectif pour vous ou bien vous faisiez ça tout d’abord en simple passionnée ?

Comme je l’ai dit précédemment, je n’aime pas perdre. Pour chaque compétition je me fixais avec mon coach un objectif, et le but était toujours d’améliorer les chronos, même si c’est très relatif de part les conditions extérieures qui peuvent être très changeantes d’un bassin à l’autre.

Quelles sont les exigences que demande la pratique du canoë-kayak ?

Le canoë-kayak est un sport qui nécessite beaucoup de qualités. Il faut être puissant, endurant, explosif, coordonné, avoir un sens de l’équilibre développé, savoir s’adapter à l’environnement, aux conditions…

Quelles sont les principales difficultés que l’on peut rencontrer en compétition en canoë-kayak ?  

Les difficultés que l’on peut rencontrer en compétition de canoë-kayak sont liées au fait que c’est un sport extérieur d’une part et qui est pratiqué sur un milieu instable, l’eau. Il peut y avoir des vagues qui rendent le milieu encore plus instable, du vent qui complique la direction du bateau etc…

Pouvez-vous nous dire à quoi ressemblent vos séances d’entraînement ?

Mes séances d’entraînement se divisent en deux catégories : les séances spécifiques, sur l’eau. En fonction de la période elles durent entre 45min et 2h maximum. Puis les séances de préparation physique, qui peuvent être de la musculation, du gainage, de la course à pied, du vélo ou de la natation.

En hiver on travaille plus sur la préparation physique, puis quand les compétitions reprennent en mars on monte de plus en plus en bateau.

En moyenne on s’entraîne entre 15 et 20h par semaine, pour environ deux à trois séances par jour avec un jour off dans la semaine.

Vous êtes double Vice-Championne du Monde Junior dans la catégorie C1 200m. Quelle est la particularité de cette catégorie ?

Le C1 200m est la distance olympique en monoplace en canoë dame. C’est la distance la plus courte en course en ligne, on appelle donc ça du sprint mais cela dure entre 45 et 50 sec, environ comme un 400m dame en athlétisme. Il faut quand même de bonnes capacités aérobiques.

Quelles sont les principales difficultés que l’on peut rencontrer en s’alignant dans cette catégorie en course ?

C’est une discipline très exigeante techniquement, il ne faut pas rater un coup de pagaie ; mais aussi physiquement car en plus d’être endurant il faut partir vite.

En 2018, vous êtes désignée « Etoile du sport » ? Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer le but des Etoiles du sport ?

Le principe des Etoiles du sport est simple : les champions d’aujourd’hui parrainent les champions de demain. Chaque année un comité d’éthique se réunit pour choisir 20 sportifs qui ont brillé pendant l’année, de 20 sports différents.

Ces sportifs choisissent à leur tour un espoir de leur discipline, et on se retrouve tous pendant une semaine à la montagne pour rencontrer des grands champions, écouter des témoignages de différents acteurs du monde sportif, rencontrer les partenaires des étoiles du sport, et pratiquer de nombreuses activités. A la fin de la semaine, un des 20 espoirs est désigné Etoile du sport de l’année.

Comment avez-vous réussi à obtenir cette distinction ?

J’ai donc été élue « Etoile du sport 2018 » suite à cette magnifique semaine à Tignes, je suis arrivée en tête du classement cumulé des trois épreuves qui rentraient dans la note finale : le challenge de marche connectée, la nuit du sport et la minute pour convaincre devant tous les parrains.

Que représente pour vous cette reconnaissance ?

Je suis très fière d’avoir obtenu cette distinction car je me suis démarquée au delà des capacités physiques, mais grâce à ma personnalité et ce que je renvoie et transmets aux gens. Et je suis très fière de m’être démarquée auprès de tous ces grands athlètes que j’admire beaucoup !

L’année prochaine, il y aura les Jeux Olympiques de Tokyo, puis en 2024 ceux de Paris. Comment appréhendez-vous ces deux événements ?

Tout d’abord les Jeux de Tokyo. Les championnats du monde qui se sont déroulés en août étaient une première opportunité pour décrocher un quota pour les JO 2020, mais malheureusement ils ne se sont pas bien passés pour moi et je n’y suis pas arrivée.

Cependant, il y aura l’année prochaine une compétition de rattrapage, et je vais consacrer toute mon énergie cette année pour me qualifier l’année prochaine pour les Jeux.

Briller à domicile, dans cinq ans, il ne doit pas y avoir meilleur rêve. Comment pensez-vous y parvenir ?

Les JO de Paris représentent mon objectif majeur à long terme, je veux y arriver forte d’une première expérience olympique à Tokyo. Je pense que le rêve de tout sportif est d’être couronné aux JO, j’ai la chance supplémentaire de pouvoir réaliser ce rêve à la maison, dans mon pays. Avec du travail et de la détermination, tout est possible !

Propos recueillis par Alexandre HOMAR

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