Chroniqueur tous les jours à la radio sur Europe 1 dans l’émission d’Anne Roumanoff « ça fait du bien » de 11h à 12h, Laurent Barat a également son propre one-man-show : « En toute transparence ». Et si les récentes mesures gouvernementales prises pour lutter contre le Coronavirus l’empêchent de se produire sur scène, il a décidé de nous offrir un cadeau. Mardi 24 mars, à 20h, il a décidé de mettre en ligne sur YouTube, son spectacle « En toute transparence » qu’il avait joué en août dernier à Nice. A l’aise sur scène, il l’est aussi balle au pied. Originaire de Cannes-la-Bocca, l’humoriste Laurent Barat se remémore son enfance et nous emmène à la découverte de sa passion : le football. L’occasion pour lui de rouvrir la boîte à souvenirs. Rencontre.
Tout d’abord, d’où vous vient votre goût pour le football ?
C’est mon père et mon parrain qui s’appelait Robert qui m’ont amené au stade voir Cannes – Toulon, je devais avoir huit – dix ans. J’étais dans les bras de mon père, parce qu’on était dans les populaires, j’étais trop petit, et je suis tombé amoureux du foot.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le foot ?
Ce que j’aime dans ce sport, c’est l’identification à un maillot, à une ville. Moi j’ai adoré des joueurs comme Ardian Kozniku, qui était un joueur croate. Il jouait à Cannes et il était fou de cette ville. J’ai aodré ce joueur.
Marcel Dib à Marseille qui a représenté le plus l’OM. Et Marc Libbra aussi.
Et à Nice, Alexy Bosetti. Voilà, moi ce que j’aime c’est ça, l’identification à un club et l’amour d’une ville.
Vous avez grandi au quartier de Cannes – La Bocca. Là-bas, où aimiez-vous retrouver vos amis pour jouer au foot ? Quels sont vos plus beaux souvenirs avec eux ?
Mes plus beaux souvenirs avec eux c‘était au stade de Saint-Cassien. Je peux encore te redonner le nom de l’équipe qu’on avait. On s’appelait l’équipe de la Licorne. Parce que la résidence dans laquelle on habitait elle s’appelait la résidence de la Licorne. Ce sont nos pères qui nous emmenaient au stade de Saint-Cassien. On avait des maillots bleu et blanc. Et on jouait contre tous les autres quartiers. C’était à l’époque du dessin animé « Olive et Tom ». On était très marqué par ça. Et on jouait contre tous les autres HLM du coin. Et on était vraiment des frères. Et là j’étais en train de bouquiner, et mon marque page, c’est la photo de cette équipe ! La photo des gars avec qui je jouais. On avait huit – dix ans.
A quel poste aimiez-vous évoluer quand vous retrouviez tes amis pour une partie de foot ?
Moi, je jouais arrière latéral. Je jouais arrière latéral parce que mon idole quand j’étais petit c’était Éric Di Meco. Et je taclais comme lui, j’étais coiffé comme lui.
Très vite, vers quel club allez-vous vous identifier ?
Alors moi je suis né avec l’AS Cannes bien évidemment. Et puis un jour, en 1993, l’Olympique de Marseille remporte la Coupe d’Europe. Je suis content parce que tout le monde est content, il ne faut pas se voiler la face. Je dois avoir 13 ans. Mais l’année suivante, ils tombent en Division 2. Et je tombe littéralement, je pèse les mots, amoureux de cette équipe de D2. Je peux te redonner toute la composition.
Et je suis tombé fou amoureux de cette équipe parce qu’en plus de ça, ils avaient quand même le droit de jouer la Coupe de l’UEFA. Et ils avaient joué deux matchs d’exception contre l’Olympiakos et Sion. Et là je suis tombé amoureux de cette équipe. Vraiment. Des joueurs comme Marcel Dib, Marc Libbra, Tony Cascarino… Je suis devenu ami avec Marcel Dib et Marc Libbra. Mais c’était mes idoles d’enfance.
Après j’ai vécu à Nice. J’ai supporté l’OGC Nice aussi et pas seulement parce que j’avais des amis qui jouaient là-bas. Mais mes vrais souvenirs d’enfance c’est vraiment l’OM version Division 2.
Vous alliez au stade supporter l’OM ?
Bien-sûr ! Mon père m’y a amené, je suis même allé les voir à la Commanderie à l’entraînement. Mon père me faisait sécher les cours ! Il venait me chercher. Le proviseur rentrait dans la classe disant : « Laurent n’a pas vu son père depuis six mois parce qu’il était en voyage à l’ile de la réunion. Il aimerait voir son fils. » Ce qui n’était pas vrai du tout ! (Rires) Moi je sortais un peu miséreux en me disant : « si ça passe, c’est vraiment un exploit ! » (Rires)
Et ça passait. On montait dans sa deux chevaux, on partait de Cannes à Marseille et on allait les voir s’entraîner à la Commanderie.
Quel est votre plus beau souvenir de supporters que vous ayez vécu au stade Vélodrome ?
Mon plus beau souvenir de supporter c’était contre Newcastle en 2004 quand Drogba marque ce but exceptionnel ! Il y avait une ambiance incroyable, j’étais avec des amis. J’ai cru que le stade allait s’écrouler.
Quels étaient vos autres idoles de l’époque ?
Alvaro Recoba. Celui qu’on appelait El Chino. C’était le numéro 10 de l’Inter de Milan. Il était uruguayen. Moi je suis ami avec Sébastien Frey, on était au collège ensemble. Et il m’a fait une surprise incroyable. J’ai joué mon spectacle en aout dernier à Nice. On est dans les loges tous les deux à la fin du spectacle. Il vient me féliciter. Et je lui dis : « tu te rends compte, t’as joué avec mon idole ! ». Il m’a dit c’est qui ton idole ? Je lui ai dit Alvaro Recoba. Il a passé un coup de fil à Alvaro Recoba. Il lui a demandé de me faire une vidéo. Et il m’a fait cette vidéo qui est toujours sur mon téléphone.
Depuis que vous suivez le football et la Ligue 1, quels sont les joueurs qui vous ont vraiment marqué ?
Chris Waddle et Jean-Pierre Papin parce que c’étaient des magiciens. Waddle c’était un magicien ! Personne n’en voulait, tout le monde le critiquait… Et puis il dansait littéralement sur le terrain !
Jean-Pierre Papin parce qu’il pouvait marquer de n’importe quelle position. Aujourd’hui tu parles d’un joueur comme Mbappé, qui a beaucoup de talents, mais si Jean-Pierre Papin avait joué à l’époque des réseaux sociaux, ça aurait été une star mondiale ! Parce qu’il était exceptionnel.
Après j’ai beaucoup aimé Fabrice Fiorèse. Moi j’aimais les joueurs de caractères. J’aimais les joueurs qui avaient du style. Il y avait aussi Hamada Jambay qui était un tueur sur le terrain mais très gentil. Je pense aussi à Cyril Rool. Moi j’ai toujours aimé les guerriers. Des vrais guerriers. Jérémy Pied aussi qui est mon meilleur ami et qui a toujours mouillé le maillot à 100%. Lui aussi c’est un bel exemple. André-Pierre Gignac aussi.
Quel a été votre plus beau match que vous avez vu au sein de notre championnat ?
Marseille – Montpellier en 1999. Marseille est mené 4-0 à la mi-temps. Je me dis que c’est fini, qu’on va se faire humilier. Et puis on gagne 5 buts à 4. C’était incroyable !
Quel regard portez-vous sur notre championnat ?
J’ai plus de mal, moi j’ai la nostalgie du football d’avant. Je ne suis pas quelqu’un de violent du tout et au contraire l’esprit sportif c’est important. Mais j’aimais les matchs engagés. C’est pour ça que j’ai une admiration pour des joueurs comme Jérémy Pied parce que ce sont des mecs qui donnent à 100% sur le terrain. Et j’ai vu Jérémy jouer contre des copains à nous, contre Timothée Kolodziejczak, et là, tu n’as plus d’amis sur le terrain. Sur le terrain, ce n’est pas ton pote.
Quel regard portez-vous sur le travail de Christophe Galtier qui fait des merveilles au LOSC ?
Ce n’est pas étonnant. C’est un meneur d’hommes. A l’OM quand il était joueur c’était un meneur d’hommes. C’est un leader. C’est un mec que tu as envies de suivre. S’il était metteur en scène au théâtre, ça serait un Pascal Légitimus, qui est mon metteur en scène. Christophe Galtier, c’est une personne, quand il parle, tu l’écoutes. Et tu fais ce qu’il dit. Moi j’aime beaucoup cet entraîneur.
Quels sont les entraîneurs que vous avez vu passer et qui vous ont marqué, inspiré ?
Raymond Goethals à l’OM. On l’appelait Raymond la science. C’était un scientifique du football. J’ai beaucoup aimé aussi Rolland Courbis, coach Courbis. Jean-Claude Suaudeau à Nantes qui a fait éclore des mecs comme Reynald Pedros. Et Guy Roux bien-sûr.
Aujourd’hui, la Ligue 1 redevient attractive avec l’arrivée de grands joueurs. Parmi les nouveaux arrivants, qui sont ceux que vous avez découvert et qui vous ont impressionné ? On pense par exemple à Dario Benedetto que vous affectionnez particulièrement…
Dario Benedetto c’est le style de joueur que j’aime. Il n’est peut-être pas spécialement beau à voir jouer, mais il est utile à l’équipe. Moi j’ai adoré un joueur à Nice : Darío Cvitanich. Quand il est arrivé on s’est dit personne ne le connaît, on ne va pas faire des miracles avec ce joueur. Moi j’aime les bonnes surprises et si demain j’ai un fils il s’appellera Darío. Et pas par rapport à Dario Bendetto. Mais à Darío Cvitanich. Il était pour moi l’attaquant qui aurait dû éblouir l’Europe.
Quels sont les joueurs que vous conseillez de suivre et qui pourrait selon vous exploser et faire forte impression dans quelques années ?
Neal Maupay, exceptionnel. Déjà quand il jouait à Nice il impressionnait. C’est un pur attaquant. Un vrai numéro neuf.
Je pense aussi à Jordan Amavi, qui fait preuve d’un caractère incroyable. Je pense aussi à Vincent Koziello qui vient de signer au PFC. Il était pour moi le sosie footballistique de Didier Deschamps. Il va revenir.
Forte impression, vous l’avez fait également en 2014 à l’occasion du match Nice-Monaco en Coupe de France. Ce jour-là, vous avez vécu un moment incroyable. Vous avez joué un sketch, devant tout le public de l’Allianz Riviera de Nice. Comment avez-vous vécu ce moment ? Tout d’abord intérieurement ?
Oh mon dieu, mon dieu… C’est mon plus beau souvenir. Je fais la première partie de Gad Elmaleh à Nice un mois avant. Et le Président de l’OGC Nice, Jean-Pierre Rivière vient me voir. Il me dit : « ce que vous avez fait là, il faut le faire à la mi-temps du match Nice-Monaco. Vous êtes niçois, vous êtes amis avec Jérémy Pied, Alexy Bosetti. Ca va marcher.» Mon producteur m’a poussé à y aller. J’y suis allé.
Et je vais te dire, on était toute une bande de potes avec certains joueurs. Et moi je devais intervenir à la mi-temps. C’est un souvenir qui m’a marqué a vie. Je suis dans les couloirs, il y a 0-0 à la mi-temps. Eric Abidal sort, il me donne une tape sur l’épaule. Et mes meilleurs amis, qui étaient tellement concentrés dans le match, n’ont pas eu un regard envers moi. Ils sont passés sans me regarder.
Je suis allé sur le terrain et c’est là que j’ai compris que c’était un vrai sport d’hommes. Parce que je l’ai vécu. Je suis allé sur le terrain, il y avait 25 000 spectateurs. Et en sortant, à la fin du match, tous mes amis étaient là pour me taper sur l’épaule, me dire bravo. C’est le plus beau souvenir de toute ma vie. J’ai vécu ça. Et très peu d’humoristes de ma génération peuvent se targuer d’avoir fait une chose comme celle-là. Merci à l’OGC Nice, à Jean-Pierre Rivière et les niçois !
C’est un peu votre Ligue des Champions à vous ?
Ah oui, clairement. Ah bah là je l’ai gagnée ! (Rires)
Justement, en parlant de Ligue des Champions, comment avez-vous vécu la victoire de l’OM en 1993 ?
Moi j’étais gamin. Et là encore on va tomber sur un facteur qui fait que maintenant moi et le football on a pris un peu de distance. Parce que les joueurs étaient plus vieux que moi, c’était des héros. T’avais l’impression qu’ils mesuraient deux mètres. Franck Sauzée, Fabien Barthez, Eric Di Meco, Basil Boli… Nous on voyait ça à la télé. C’était commenté par Jean-Michel Larqué et Thierry Roland. C’était des vraies soirées. Et puis le football était accessible à tout le monde.
Tu allumais TF1, il y avait Roger Zabel, « Soirée Ligue des Champions ». J’étais avec mon père, mon grand-père, mes potes, mon parrain, mon cousin. Aujourd’hui je trouve qu’on a éloigné le peuple du football. L’argent a éloigné les gens du football. A l’époque c’était très populaire. Moi je viens d’un quartier populaire, on vibrait pour le football. On allait voir l’AS Cannes. Et puis après on se retrouvait sur TF1. Tous les balcons étaient ouverts et on entendait l’hymne de la Ligue des Champions à tous les étages.
Quelle parallèle feriez-vous entre le football et la scène ?
Avec Darío Cvitanich, on en avait parlé ensemble quand je commençais un petit peu à Nice. Il me disais : « Tu sais, toi et moi, on fait le même métier. On fait le métier, parce que quand moi je rate une occasion, c’est tout le match qui va être compliqué si je ne suis pas solide mentalement. Et toi, si tu rates la première vanne, c’est tout le spectacle qui va être compliqué si tu n’es pas solide mentalement.»
En me disant juste ça, Darío Cvitanich m’a aidé à comprendre mon métier. Il faut être solide psychologiquement, du début à la fin, comme l’est un numéro neuf. Parce qu’on est tout seul. L’attaquant est tout seul. Et l’humoriste est tout seul. C’est exactement pareil. Si tu échoues, il ne faut pas baisser les bras et ne pas baisser psychologiquement. Et ça, c’est Darío qui me l’a appris.
Monter sur scène demande de l’énergie et une certaine endurance. Et une bonne cohésion d’équipe entre les différentes personnes qui interviennent sur votre spectacle (régisseur, metteur en scène, etc). Ainsi, y voyez-vous des similitudes entre le seul en scène et le sport et plus particulièrement le foot ?
Oui bien-sûr. Moi j’ai un Président c’est mon producteur Gil Marsalla. C’est le Président de mon club. Sa femme Sabine aussi est productrice du spectacle. On a un service de com, Ophélie qui est là, j’ai mon coach Pascal Légitimus. Et puis j’ai celui sans qui mon spectacle ne serait pas ce qu’il serait c’est Florent Payen dit « Flux ». C’est une vraie équipe, c’est un club. Moi je suis le plus exposé, mais derrière il y a toute une équipe. Et sans eux, il n’y a pas moi.
Le football pourrait vous inspirer pour des idées de sketchs ?
Bien-sûr, depuis des années je cherche ! Mais je viendrai à parler football, parce que c’est ma vie.
Un mot sur l’actualité. Alexy Bosetti vient de lancer une cagnotte en ligne afin d’aider au maximum le personnel médical niçois qui est sur tous les fronts pour venir en aide aux victimes du Covid-19. Quel message aimerez-vous aussi passer ?
Il faut relayer au maximum ce geste. La cagnotte d’Alexy, c’est pour les hôpitaux de Nice. Il faudrait qu’il y ait tellement de gestes comme ça de partout en France. Par exemple Anne Roumanoff relaie les messages dans son émission sur Europe 1. Des messages qui concernent les besoins des personnels soignants. Bravo à elle de se faire le relai de ça. C’est un immense élan de solidarité. Et ça fait chaud au cœur. Bravo à toutes les personnes qui utilisent leur notoriété pour ça.
Enfin, quel est votre actualité du moment ?
Avec la bande d’Anne Roumanoff on sera présent toute la semaine sur Europe 1 de 11h à 12h. Pour être toujours avec nos auditeurs.
Et puis le spectacle qu’on a décidé avec ma boîte de production et Pascal Légitimus de diffuser demain soir à l’heure à laquelle j’aurai dû jouer à l’Européen. A défaut de pouvoir monter sur scène mardi 24 mars, on diffusera donc le spectacle sur YouTube. Il s’agira de la captation de ma représentation à Nice cet été. Je voulais quand même avoir la sensation d’être sur scène demain, d‘avoir ce petit frisson. Et puis faire rire les gens.
Propos recueillis par Alexandre HOMAR