Rencontre avec Caroline Queroli : « C’est incroyable, c’est un sentiment indescriptible ! Tu as l’impression d’être sur un nuage et d’être loin d’en descendre. »

Image en Une délivrée par l’athlète.

Sacrée championne du monde par équipe en 2018, l’escrimeuse française Caroline Queroli revient tout au long de cet entretien sur son parcours depuis qu’elle a débuté sa carrière : ses débuts, l’Équipe de France, son titre de championne du monde en 2018. Une interview dans laquelle Caroline Queroli nous emmène à la découverte de sa spécialité, le sabre et nous parle également de son choix de s’engager au sein de l’armée. Un entretien où elle évoque enfin comment elle fait pour concilier sport et confinement. Rencontre.

Tout d’abord, à quel âge avez-vous commencé l’escrime ?

J’ai commencé à l’âge de six ans.

Pourquoi vous êtes-vous dirigée vers ce sport ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette discipline ?

En fait ma maman était hôtesse de l’air et il fallait qu’on soit gardés après l’école. Je faisais déjà de la natation mais ça ne suffisait pas. Et j’ai un ami de mon frère de l’escrime et ça m’a attiré. J’ai fait une séance et ça m’a vraiment tout de suite plu.

L’esprit de compétition a-t-il toujours été en vous, où vous l’a-t-on inculqué plus tard ?

Alors, comme j’ai un frère, ça a toujours été un peu encré je pense ! (Rires)

Après c’est venu à force de faire des compétitions, on comprend mieux les enjeux à force d’en faire.

A partir de quel moment avez-vous compris que vous aviez le niveau pour atteindre le haut niveau ?

Je pense que c’est à mes premières sélections en championnat international.

Avant je ne me rendais pas forcément compte. Je faisais des compétitions, je les enchaînais mais je ne comprenais pas forcément ce que ça représentait. Et quand j’ai commencé à faire les championnats, j’ai compris qu’il y avait un vrai monde international dans ce sport ! (Rires)

Aujourd’hui vous vous entraînez notamment à l’INSEP. Quel regard portez-vous sur cette structure assez impressionnante ?

Oui, ça m’a surprise ! Je ne pensais pas que dans le Bois de Vincennes il y avait une énorme structure comme ça.

C’est vrai que c’est une structure magnifique, notre salle d’escrime est incroyable. On le voit aussi quand on va à l’international. On fait des comparaisons et c’est vrai qu’on a vraiment de la chance.

Donc oui, c’est vraiment impressionnant.

Votre spécialité c’est le sabre. Pouvez-vous nous décrire en quoi consiste cette discipline ?

Le sabre, ça va être un sport beaucoup plus rapide. On va enchaîner les touches plus rapidement. Il faut réfléchir plus. Il faut qu’on touche au-dessus de la ceinture. Donc tête, tronc et bras. On peut toucher avec toute la partie de la lame. Et je pense que ça va être la discipline de l’escrime la plus explosive.

Quels sont vos principales qualités en tant que sabreuse ?

Je pense que tout d’abord je suis assez rapide. C’est vraiment bien parce que ça peut surprendre. Et après j’attaque bien aussi, je suis une bonne attaquante.

En 2015 vous devenez pour la première fois championne du monde Junior. L’année suivante, vous récidivez. Considérez-vous ces deux victoires comme un palier décisif dans votre ascension vers le haut niveau ?

Alors je pense que la première fois que j’ai gagné, je ne m’en suis pas du tout rendue compte. Je me suis dit « waouh, c’est incroyable ! ». Je n’ai pas gagné dans ma catégorie mais j’arrive à gagner dans celle d’au-dessus.

Et le fait d’avoir réitéré la chose l’année d’après, je me suis dit que là c’était quand même fort. Et c’est là que j’ai compris ce que c’était le haut niveau. Après, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre et beaucoup de choses à améliorer. Mais ça m’a vraiment ouvert les yeux sur ce que c’était que le vrai haut niveau.

Mais c’est aussi surtout à l’INSEP que j’ai découvert le vrai haut niveau.

En 2017, vous êtes championne du monde militaire. En quoi cela consiste les Championnats du monde militaire ?

Alors j’ai été championne du monde militaire parce que Manon Brunet est dans l’armée. Donc fallait qu’on ait une équipe et il n’y avait pas vraiment les filles qu’on avait l’habitude de côtoyer sur le circuit international donc c’était assez surprenant. C’était vraiment une super expérience.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager au sein de l’armée française ? 

Alors maintenant je suis à la douane. Qu’est-ce qui m’a motivé ? Alors au début on a fait les championnats parce qu’on nous l’a proposé. On s’est dit oui, pourquoi, c’est toujours bien de faire d’autres compétitions. Et c’est qu’après avoir côtoyé tous les militaires, ça rend fière de faire ça pour l’armée. Et de se dire qu’on a un petit rôle minuscule au sein de l’armée.

En 2018, vous êtes devenue championne du monde par équipe. Un titre obtenu avec vos coéquipière Manon Brunet, Cécilia Berder et Charlotte Lembach. Comment avez-vous toutes les quatre construites ce sacre ?

On s’est beaucoup remises en question, sur toute l’année. Parce qu’il y avait quand même eu des défaites, des déceptions et aussi des victoires. D’où le fait que l’on ne se soit beaucoup remises en question toute l’année pour savoir comment vraiment être au top le Jour J.

Et on s’était vraiment beaucoup recentrées sur notre team spirit. C’est-à-dire qu’on avait discuté entres nous, on avait mis en place des choses, des gestes pour la compétition. Et quand on a gagné, c’était incroyable !

Après, on avait des rôles aussi un peu définis. C’était organisé finalement. (Rires)

Quel lien entretenez-vous toutes les quatre ?

On va dire qu’il y a deux filles qui sont assez expérimentées : Charlotte et Cécilia. Elles nous ont beaucoup guidées. Moi personnellement comme c’était mes premiers championnats, elles m’ont vraiment beaucoup guidée et aidée.

Et après Manon c’est une de mes meilleures amies, donc le fait d’être avec elle, c’est rassurant aussi.

A ce moment, quand vous devenez championne du monde, on se dit que tous les sacrifices qu’on a dû faire, ça y est, ça paye enfin ?

Oui, c’est incroyable, c’est un sentiment indescriptible ! Tu as l’impression d’être sur un nuage et d’être loin d’en descendre. Bon finalement on en redescend très vite ! (Rires)

C’est le graal. C’est une joie immense.

Quelles sont les principales difficultés que l’on peut rencontrer en compétition lorsqu’on pratique le sabre ?

C’est que ça va très vite. Parfois, si on prend l’eau, ça peut aller très très vite et on n’a pas vraiment le temps de relever la tête et de s’en sortir.

Après, physiquement, si tu tombes sur quelqu’un qui est physiquement plus imposant, plus rapide, techniquement plus forte, ça va être très compliqué. Il va falloir beaucoup ruser.

Et comme les touches s’enchaînent très vite, c’est compliqué de bien réfléchir. Donc on va dire qu’il y a plein de domaines différents dans lesquelles il faut être fort ! (Rires)

Qu’est-ce qui fait la spécificité de votre jeu ?

Moi, j’aime bien faire échouer l’adversaire avant de pouvoir me lancer.

Dans quels domaines avez-vous l’impression de pouvoir encore progresser ?

Dans tous les domaines je pense. J’ai une marge de progression assez importante. Après, il faut se rendre compte des choses spécifiques dans lesquels il faut progresser. Et c’est ça qui est difficile.

Dans une carrière de sportive de haut niveau, le mental joue aussi beaucoup. Comment arrivez-vous à gérer votre stress avant le début d’une compétition ?

Justement, je ne pensais pas être concernée par tout ce qui était travail mental. Et en fait, cette année je me suis retrouvée un peu dans le mur vu qu’il y avait la sélection pour les Jeux Olympiques. Je me suis un peu mis la pression, j’ai un peu stressé toute seule sans raison.

Et là j’ai compris l’importance du travail mental pour réussir en compétition. Pour l’instant je n’ai pas encore vraiment réussi à le mettre en place mais ça ne va pas tarder, espérons ! (Rires)

Que vous apporte votre entraîneur sur le plan personnel et sportif ?

Sur le plan sportif, il apporte plein de techniques. Il apporte de bons conseils. Il apporte de la confiance.

Et sur le plan personnel, on vit quand même des choses incroyables. Donc il m’apporte des souvenirs, forcément. Des déceptions, des tristesses aussi. En fait, on partage un peu toutes les émotions. Et personnellement aussi je dirai.

Aujourd’hui, le Covid-19 frappe de plein fouet le monde entier. Ce qui nécessite un confinement de la population et l’arrêt de toutes les compétitions sportives notamment. Comment vous entretenez-vous physiquement pour garder un minimum de rythme ?

Moi j’essaye de m’entraîner au minimum une fois par jour. J’ai aussi beaucoup d’espaces pour pouvoir faire du renforcement musculaire. J’essaye de pouvoir faire au mieux. Alors après c’est vrai que toute seule, ce n’est pas facile de se motiver. Mais on essaye de faire au mieux sans culpabiliser d’en faire tous les jours.

C’est une situation tout à fait inédite pour vous les athlètes. Y a-t-il une crainte de perdre en compétitivité à la sortie du confinement ?

Alors forcément si. Après, il faut voir le positif ailleurs. C’est-à-dire que moi j’avais vraiment besoin de cette pause je pense. Donc elle me fait énormément de bien.

Mais après, oui je pense que physiquement peut-être que je ne serai pas au top de ce que j’étais avant. Mais on va dire que j’aurai progressé dans d’autres domaines.

Quels conseils donneriez-vous aux gens qui souhaiteraient faire du sport chez eux ? Quels exercices faciles à faire conseilleriez-vous ?

Alors des exercices faciles à faire chez soi, je pense aux classiques : les pompes, les squattes, les burpees.

Après moi je regarde beaucoup sur Internet. Il y a beaucoup de filles qui font des vidéos sur des renforcements musculaires. Un peu cardio aussi parfois. Et je fais ça presque une fois par jour et c’est assez bien. Ça permet de s’entretenir. Tout le monde peut le faire. Je conseille ça à tout le monde.

Enfin, votre prochain grand objectif ce sont les JO 2021 ?

Du coup oui ! (Rires)

Comment à se préparer à une échéance aussi loin dans le contexte actuel ?  

Justement, ne pas trop anticiper, ne pas trop se poser de questions.

Faire le maximum de ce qu’on peut faire aujourd’hui. En se disant là je peux faire quoi ? Je peux courir, faire du vélo, du renforcement musculaire. Donc je vais le faire parce que c’est bien et c’est bon pour moi.

Et après, ne pas trop se projeter on va dire sur ce qu’on ne connaît pas, ne pas trop se projeter dans l’inconnu.

Propos recueillis par Alexandre HOMAR.

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