Photo en Une délivrée par l’athlète.
Médaillé de bronze aux Jeux Paralympiques de Tokyo cet été, Hélios Latchoumanaya nous emmène à la découverte de sa discipline : le judo. Tout du long de cet entretien, Hélios Latchoumanaya revient sur cette médaille de bronze obtenue à Tokyo et comment il s’est préparé à vivre ces Jeux, ses premiers. Une interview où il nous parle également de sa façon d’être en combat. L’occasion pour lui également de nous apporter son regard sur l’Insep, incroyable structure sportive qu’il a rejoint en 2018 et sur le club de Bourg-la-Reine, un super club qui a su bien l’accueillir comme il nous le raconte. Un club où on se sent au cœur du projet et pour lequel il leur en ait très reconnaissant. Rencontre.
Tout d’abord, à quel âge avez-vous commencé le judo ?
J’ai commencé le judo à l’âge de sept ans au club de Tarbes.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette discipline ?
Ce qui m’attirait le plus dans ce sport, hors de la pratique, c’est le code moral. Ce code moral te donne des valeurs qui se retransmettent en dehors de la pratique sportive aussi.
Quand j’étais petit, j’étais quelqu’un d’hyper actif et le fait d’avoir ce code moral, cela m’a permis de me cadrer. Et depuis, tout va bien ! (Rires)
L’esprit de compétition a-t-il toujours été en vous, où vous l’a-t-on inculqué plus tard ?
L’esprit de compétition a toujours été en moi depuis tout petit (Rires). J’ai toujours été compétiteur, toujours cette envie de gagner.
A partir de quel moment avez-vous compris que vous aviez le niveau pour devenir professionnelle ?
Je suis entré en structure de haut niveau à 14 ans, à Toulouse. C’est à ce moment-là que l’on commence à rêver un peu. Mais ce n’est que le début.
Ensuite, en 2016, je rentre à Bordeaux au Pôle France. Et en 2017 j’entre dans l’équipe paralympique. Et je pense que c’est à ce moment-là que je me suis dit que je pouvais le faire.
Je fais ma première compétition en juin 2017. Je fais deuxième. Là je me dis que j’ai le niveau d’être ici aujourd’hui. J’ai le niveau pour le faire.
Cet été, vous participiez aux Jeux Paralympiques de Tokyo où vous allez remporter la médaille de Bronze. Tout d’abord, comment avez-vous vécu vos premiers Jeux Paralympiques intérieurement ?
Franchement, bien (Rires) ! C’était vraiment quelque chose de top, c’était un rêve éveillé d’y participer. Tu rencontres plein de monde de plein de sports différents. Tu croises des gens que tu voyais à la télé quand tu étais petit. C’est juste génial.
Comment avez-vous préparé ces Jeux sur le plan émotionnel ? Comment arrive-t-on à reproduire ce que l’on a travaillé à l’entraînement sans se laisser déborder par l’émotion, l’enjeu et tout ce que représente cet évènement ?
En 2018 je participe à mes premiers championnats du monde. Je venais d’entrer à l’INSEP et j’avais eu envie de trop bien faire. Ce qui me fait faire une mauvaise compétition. Je stressais, je n’étais pas bon. J’ai eu un trop plein d’émotions. Et depuis ce jour, je me suis dit : il faut arrêter ça ! (Rires)
Ça ne sert à rien de stresser comme ça. On va se calmer et prendre toutes les compétitions autrement. Pour moi je prends aussi bien les compétitions départementales que les Jeux paralympique de la même manière. Tu fais avant tout du judo. Fais ton judo et ça va le faire.
Donc pour ces Jeux Paralympiques, j’ai réussi à passer au-dessus du stress de cette façon. Et je sais que si je fais ce que je sais faire, je peux battre quasiment tout le monde je pense.
J’imagine que c’est votre meilleur souvenir avec l’Équipe de France ?
Oui ! (Rires)
C’est vrai que l’on ne m’a jamais posé cette question ! (Rires)
Mais honnêtement, oui c’est sûr parce que là, ce n’était pas que le judo dont il était question. Donc oui, c’est mon meilleur souvenir avec l’Equipe de France.
Quel souvenir gardez-vous de ce combat où vous remportez la médaille de bronze ?
Je me dis que ça a été rapide. Je ne m’attendais pas que ce soit aussi rapide avant le combat. Avant le combat, je me suis dit que c’était pour moi. J’étais vraiment sûr de moi et j’ai senti chez mon adversaire, au vu de son positionnement aussi, que c’était pour moi.
Et quand l’arbitre annonce que j’ai gagné, quand il annonce le ippon, je me relève et je me remets en place ! Tant que je ne suis pas sorti du tapis je reste concentré, je ne me dis pas à ce moment-là que c’est fait ! (Rires)
Vous étiez prêt à repartir au combat alors qu’on venait de vous annoncer vainqueur !
Voilà, exactement, au cas où, on ne sait jamais ! (Rires)
Et puis après, dès qu’on sort du tapis, c’est une immense joie et un immense bonheur.
Que représente pour vous cette médaille ?
Cette médaille, c’est une belle récompense pour le travail fourni jusqu’à présent. Et un bon encouragement pour la suite. Parce que je ne peux que faire mieux maintenant ! (Rires)
Comment décrieriez-vous votre style ? Quel est votre façon de combattre face à vos adversaires ?
Mon point fort, c’est que j’étais le plus jeune de la catégorie. Donc je savais que les combats longs n’allaient pas me déranger. Et que si je mettais du rythme tout du long du combat, le combat pouvait être pour moi. Quoi qu’il arrive. J’avais beaucoup de confiance en mon cardio. Et techniquement, j’ai un judo assez varié je trouve, comparé aux autres de ma catégorie qui sont vraiment une prise forte. Ce sont vraiment mes deux forces de mon judo aujourd’hui.
Combien d’heures passez-vous à l’entraînement ? Pouvez-vous nous décrire à quoi ressemblent vos entraînements ?
Je fais deux heures de judo combat du lundi au jeudi. Du lundi au jeudi, c’est à l’INSEP. Et le vendredi je descends dans mon club.
Et je fais entre une heure et une heure et demie de préparation physique, soit cardio soit musculation, du lundi au jeudi aussi. Et j’ai également une heure de technique le vendredi avant la séance de combat au club. Et le week-end c’est principalement du repos même s’il m’arrive de faire une petite prépa pour garder quand même la forme.
Quel regard portez-vous sur le club de Bourg-la-Reine ?
C’est un super club qui a su bien m’accueillir ! J’ai vraiment directement été bien accueilli dans l’équipe, tout a été mis en place pour que je puisse performer. Et c’est ça la chance que j’ai eue. On sent qu’on est mis directement au cœur du projet. Et je leur en suis très reconnaissant.
Vous avez intégré l’Insep en 2018. Quel regard portez-vous sur cette structure ?
Tu sens que tu passes encore un niveau au-dessus. Tu es avec les meilleurs. Au niveau préparation physique tu as les meilleurs équipements possibles. Tu es super bien encadré.
Après, quand je suis arrivé à l’INSEP, j’ai eu des étoiles dans les yeux les deux ou trois premiers jours. Mais après tu te dis très rapidement qu’on est là pour s’entraîner, on n’est pas là pour regarder les autres.
Vous êtes médaillé d’argent aux Championnats d’Europe IBSA 2017 et 2019. 2019, année où vous allez également remporter une médaille d’argent aux mondiaux de para-judo. L’approche d’un championnat d’Europe et d’un championnat du monde est-il différent ?
Pour moi, c’est la même approche parce que les meilleurs dans ma catégorie sont européens, à part l’iranien. Mais à mes yeux, les meilleurs de ma catégorie sont européens donc c’est vraiment la même approche. Je me prépare quasiment de la même façon. De toute façon, toutes les compétitions, à part les Jeux, se prépare de façon assez similaire.
Disputer les Jeux Paralympiques en 2024 à Paris est votre prochain grand objectif ?
Exactement ! (Rires)
J’avais peur que tu me dises que c’était un rêve mais non c’est bien un objectif (Rires) !
Propos recueillis par Alexandre HOMAR